Initiatives paroissiales : Éditer pour s’enrichir
Dans un monde en recherche de sens, plusieurs voies de découverte de la foi sont possibles. Des paroisses ont choisi d’éditer, pour faire connaître de grands penseurs qui ouvrent la réflexion. Exemple avec le Foyer de l’Âme.
Catéchèse, partage biblique, culte, prière ou musique sont les portes d’entrée les plus répandues pour ouvrir un chemin de spiritualité. Le moyen de l’étude peut également éclairer ceux qui cherchent. La paroisse du Foyer de l’Âme a donc lancé une collection d’ouvrages sur des figures spirituelles majeures, sous forme de chapitres courts consacrés à des questions existentielles.
L’art de la question avec Spinoza
Le premier exemple de cette série, intitulée « … et Dieu », met en scène la vie et la pensée de Spinoza, qui marque encore la réflexion moderne. Si le débat intérieur du philosophe entre immanence et transcendance divine est resté dans les esprits comme un exercice complexe, l’actualité d’une œuvre comme L’Éthique peut aider tout chercheur de sens. Car nombreux sont ceux qui, considérant aujourd’hui la morale chrétienne, se sont distancés des principes religieux pour se mettre en quête de choix personnels et de société plus adaptés au monde moderne.
Or, avec la réflexion de Spinoza, ce n’est pas la révélation biblique qui doit guider le comportement des humains par le biais d’une morale religieuse, mais l’observation du monde et des choses qui permet de poser les questions essentielles à la vie de tout être.
Cultiver la certitude intérieure avec Rousseau
Dès lors, privilégier la relation entre Dieu et Abraham sur la toute-puissance divine, mettre en question la séparation gréco-latine entre le corps et l’âme ou relier la nature et Dieu, sont avec Spinoza des attitudes légitimes de la pensée et des actes de liberté qui permettent à chacun d’asseoir ses convictions. Comprendre reste un maître mot de toute éthique personnelle et une base solide pour découvrir et vivre sa foi.
Les explorateurs de spiritualité disposent d’autres pistes pour les guider dans leur recherche. Celles de Rousseau privilégient le ressenti, la conscience intérieure capable de discerner ce qui est bon ou non. Cette forme d’intuition de ce qu’est le fait religieux, rencontre à bien des égards les réflexions contemporaines sur la spiritualité, comprise comme ce qui dans l’Homme est plus grand que l’homme.
Établir des ponts entre questions et recherches
Ces petits opuscules n’ont certes pas la prétention d’établir un point exhaustif sur la pensée d’un philosophe ou d’un théologien. Leur approche existentielle est en revanche d’une aide certaine pour celui qui, se détournant d’une forme de religion vécue négativement, y perdrait en même temps sa foi. En jetant ainsi le bébé avec l’eau du bain, l’homme moderne s’aperçoit souvent d’un manque qui sera rapidement comblé par l’une des philosophies spirituelles dont regorge le monde actuel.
En jetant des ponts entre les grands penseurs de l’Histoire et les questions d’aujourd’hui, l’Église contribue à éclairer des chemins de conscience, des recherches, des trajectoires de vie. C’est une forme inhabituelle et pertinente de témoignage, non pas d’une religiosité mais de la foi.
Par l’édition, on voit ici se dessiner les contours d’une méthode, la paroisse servant de creuset à l’élaboration d’une pensée, au choix d’une éthique et la découverte d’une foi. Au fil des questions sont ainsi ouverts de nombreux espaces de pensée informée, des axes de recherche pour approfondir le champ de la conscience. Ces actes d’édition reflètent la conviction que chaque individu est unique devant Dieu dans sa personne, mais aussi son chemin de vie et sa conscience ; l’enjeu de l’Église est alors aujourd’hui d’accompagner ces trajectoires.
Lionel Sautter, Spinoza et Dieu, Éditions du Foyer de l’Âme, 136 p., 10 €
Bruno Planty, Jean-Jacques Rousseau et Dieu, Éditions du Foyer de l’Âme, 134 p., 10 €