Lieux de paix – 19 –

Voyager en train

07 novembre 2019

Les temps de longs trajets, ainsi que leurs stations de départ et d’arrivée, permettent d’autres déplacements…

Mon travail m’amène à prendre régulièrement le train. Quel lieu original comme lieu de paix ! Et pourtant ! Le temps s’arrête, le monde y est souvent silencieux, vos voisins chuchotent pour préserver le calme du wagon (je vous l’accorde, durant les périodes où je prends ce train, il y a rarement des enfants…).

 

C’est donc un temps hors du temps. De plus, la grande vitesse des TGV, qui raccourcit toutes les distances, bouleverse aussi les repères spatiaux. Vous partez le matin de Montpellier, vous allez suivre une réunion à Paris et le soir vous rentrez à Toulouse.

J’aime ce décalage entre le temps et l’espace. Le monde est petit et pourtant la vitesse ne se ressent pas, vous n’êtes pas en état de stress. Parce que dans le train, vous êtes assis à votre place et vous attendez que le temps passe en regardant défiler les paysages.

 

C’est un temps pour travailler, un temps pour réfléchir, un temps pour méditer. Rien ne vous bouscule, rien ne vous rappelle l’heure. Vous êtes là entre un point A et un point B, vous avez du temps.

J’aime ces moments de partage et d’échanges. Ces rencontres fortuites qui dureront le temps d’un voyage. Des échanges à bâton rompu qui prendront fin avec l’entrée en gare. De l’éphémère, mais surtout de l’extraordinaire.

Lieu de passage et de traverse (© Commons wikimedia)

 

Et puis il y a les gares… ces lieux de passage et de traverse. Tout le monde y accourt et attend avec impatience qui un train qui arrive, qui son train au départ. Monde du travail, sportif de tout niveau, voyageurs infatigables, amoureux, touristes, politiques, tout le monde se croise dans ces espaces plus ou moins vastes. Aujourd’hui, vous trouvez des pianos dans toutes les grandes gares de France. Les notes de musiques résonnent. Les gens s’arrêtent pour écouter, chanter, accompagner avec un autre instrument.

 

Il est agréable d’observer ce monde, son mouvement. Je ne suis pas à côté, mais bien au milieu de ce mouvement, j’en suis moi-même acteur. Et je dois avouer que c’est toujours avec joie que je reprends ce train pour traverser la France de part en part et continuer ou renouveler mon regard sur les autres et sur moi. Ce temps d’observation et parfois d’introspection m’est salutaire. Il me permet de garder un regard aiguisé. Il me permet de me sentir dans le monde.

Lieu de paix ? Au sens littéral, je n’en suis pas sûr, mais comme celui où l’on peut trouver la paix, j’aime beaucoup cette idée.

Trains ou gares, ces lieux m’inspirent et me font voyager. Il suffit de regarder les destinations lointaines sur les panneaux d’affichage : l’esprit s’évade et se surprend à rêver à d’autres voyages.

Nicolas Boutié
Journal Le Cep

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