Hautes-Alpes

Vivre l'Église en grande dissémination

01 avril 2018

Sise dans des décors magnifiques, l'Église locale de Freissinières-Briançon-Queyras termine sa troisième année sans pasteur. L'essentiel est assuré, la cible est payée, mais les conseillers presbytéraux sont un peu « sur les rotules ». Et pas question de se reposer l'été, car les vallées du Queyras et de Freissinières qui font partie de l'Église locale ont chacune leur histoire très riche, et leurs traditions. Elles attirent un « tourisme protestant » qu'il faut pouvoir accueillir chaque année.

Sa chance et sa malchance est d'être située en montagne, un peu loin de tout, là où l'hiver il peut être délicat de circuler pendant plusieurs semaines. Un pasteur amoureux de la montagne a failli venir, mais finalement n'a pas pu car son épouse n'aurait pas trouvé de travail... En revanche, l'été, le tourisme protestant bat son plein, et beaucoup de pasteurs sont heureux de fuir les zones urbaines de la plaine pour venir assurer une présence pastorale plus ou moins longue.

Une des maisons paroissiales transformées en gîte (© Amandine Cau)

 

Solidarité multiple

Tout au long de ces années, la solidarité consistoriale a joué, avec les pasteurs d'Aix-en-Provence, actif ou en retraite, et Arnaud Van Den Wiele, pasteur des Alpes du Sud, venant de Gap. Il accompagne le conseil presbytéral, stimulant la dynamique du groupe et la confiance de chacun dans ses aptitudes. Il propose à ceux qui le désirent des initiations à la célébration d'un culte. Cet appui permet aux conseillers actuels de voir le côté positif de la situation : ils apprennent à construire ensemble, à se débrouiller, à oser faire des cultes à la Maison de retraite de l'Argentière, par exemple, auxquels se joignent d'autres personnes habitant dans la vallée. Régulièrement, deux prédicateurs laïcs et un pasteur à la retraite, membres de l'Église locale, sont sollicités. Et puis un simple mail d'appel au secours, envoyé dans le consistoire ou au secrétariat régional, reçoit toujours une réponse rapide.

Sortie du culte à Arvieux (© Josiane Vaast)

 

Grâce la solidarité et aux personnes ressources sur place, la catéchèse est assurée, le culte a lieu chaque dimanche. « C'est une paroisse qui chante bien », accompagnée par une organiste très dynamique. Des études bibliques mensuelles sont proposées par un ancien professeur agrégé d'histoire. Les rencontres mensuelles Foi et société rassemblent entre trente et quarante personnes autour d'un intervenant. Le christianisme peut-il mourir ? Les migrants. L'au-delà de la mort... Ce sont là quelques-uns des thèmes de 2018 de ces soirées éthiques et œcuméniques. Catholiques, protestants et évangéliques sont invités dans les locaux de l'Église évangélique. Tous ensemble ont fêté dignement l'année Luther.

Sainte cène, été 2017 à Dormillouse (© Josiane Vaast)

 

Le tempo accéléré de l'été

Six fêtes traditionnelles se succèdent chaque dimanche de l'été depuis la première moitié du vingtième siècle. Lieux d'évangélisation et de partage de la foi, elles représentent une bouffée d'oxygène pour les autochtones. Les neuf lieux de culte sont alors utilisés, avec quatre cultes par dimanche. Libres de conduire le culte comme ils l'entendent, les pasteurs de l'été apportent des temps spirituels roboratifs !

À la Fête du pain de Freissinières, un culte œcuménique est célébré, le premier dimanche de juillet, dans l'église catholique qui était auparavant un temple. Puis la Fête du bois des amoureux, un bois entre Saint-Véran et Pierre-Grosse, rassemble toutes les paroisses du Queyras près d'un caillou qui aurait marqué le lieu de départ de l'exil des Huguenots. Mais la présence d'un accrobranche et de chevaux oblige à déménager dans une salle de la mairie de Molines. La rencontre franco-italienne du Col La Croix, le troisième dimanche de juillet, est un rendez-vous important avec les Églises vaudoises du Piémont. L'office œcuménique aux chalets de Clapeyto, suivi d'un apéro offert par la mairie, clôt le mois de juillet.

Début août, c'est la Fête des Moissons aux Viollins, dans le petit temple dont il a fallu longtemps repousser les murs ! Fin août, lors de la fête du village de Dormillouse, le culte s'enrichit régulièrement de la participation d'Allemands, dans le cadre d'un jumelage avec Wilhelmsdorf et Wurmberg. Ces communes allemandes ont été créées par des Huguenots venus du Queyras. Un événement œcuménique et international, Retour en Queyras, a rassemblé par deux fois, en 1985 puis en 2007, les descendants des Queyrassins.

Le temple de Saint-Véran, plus haute commune d'Europe

(© Josiane Vaast)

 

Se tourner vers l'à venir

Les neuf temples et la vie cultuelle de l'été sont témoins d'une histoire protestante locale très riche remontant à la Réforme et à ses conséquences. Les protestants contemporains sont maintenant devant le défi de trouver un équilibre pas du tout simple entre ces racines et l'adaptation au manque actuel de forces vives. Ils doivent jongler entre nostalgie du passé et nécessité d'inventivité. Une synergie entre les familles ancrées dans leurs terres et attachées aux traditions et les nouveaux arrivants apportant leur regard neuf pourrait permettre d'inventer une nouvelle forme de vie d'Église.

Parmi les atouts à exploiter, deux gîtes de montagne peuvent accueillir 50 personnes en dortoirs aux Ribes, et 28 personnes en gestion libre, avec des chambres de deux, quatre et six personnes, à Pallon.

Enfin, souhaitons que Bible en montagne, séminaire œcuménique qui depuis plus de vingt ans accueille des participants venant de toute la France, dans le Centre œcuménique de Vars, retrouvera un nouveau souffle après une interruption en 2018.

 

En savoir plus

Contact pour les gîtes :

Tél. : 06 69 18 01 10

chaletsaccueildelabyaisse@gmail.com

Doris ZIEGLER,
journal Échanges

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