Burundi

Une spirale de répression

01 janvier 2018

Alors que les Nations unies dénoncent des « crimes contre l’humanité » commis au Burundi, le pays s’enfonce dans une spirale de répression sécuritaire qui frappe les défenseurs?des droits de l’homme.

Au Burundi, le président de la République, Pierre Nkurunziza, s’accroche coûte que coûte au pouvoir. Son obstination a plonge? le pays dans une quasi-guerre civile, a? tel point que l’ONU a dénoncé des « crimes contre l’humanité ». Les défenseurs des droits de l’homme en sont les premières victimes.

 

Enquête de la CPI

« Crimes contre l’humanité. » Le 4 septembre 2017, la formule implacable était lâchée par la Commission d’enquête des Nations unies sur le Burundi, dans un rapport ou? elle affirmait avoir été frappée par « l’ampleur et la brutalité des violations commises » par les forces gouvernementales. Face a? un constat sans grand espoir, supposant que « les auteurs de ces crimes risquent fortement de rester impunis », elle demandait a? la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur la situation de ce petit pays d’Afrique centrale, en proie depuis avril 2015 a? une quasi-guerre civile. Il aura donc fallu plus de deux ans pour que des mots soient mis sur les violations commises a? l’encontre de la société civile, et plus spécifiquement des défenseurs des droits de l’homme, au Burundi. Opposants, journalistes indépendants, salariés du secteur associatif ou simples citoyens voulant exprimer leur désaccord avec un président, Pierre Nkurunziza, qui refuse de quitter le pouvoir : tous sont désormais de potentielles victimes d’intimidations, de harcèlement judiciaire, d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires, d’exécutions extrajudiciaires, ainsi que de tortures.

 

Atteinte aux accords d’Arusha

Pourtant, quand, en 2003, Pierre Nkurunziza, alors leader du principal mouvement arme? d’opposition, parvient a? rallier son camp aux accords d’Arusha, le Burundi semble être promis a? la prospérité. Symboles d’une paix attendue de longue date par la population après sept ans d’un conflit sanglant, ces accords limitent a? deux le nombre de mandats pouvant être brigués par le chef de l’État. Ils incarnent la fin d’une ère ou? les présidents cherchent a? se maintenir au pouvoir par tous les moyens, aussi autoritaires soient-ils. Mais c’était sans compter sur les ambitions de Pierre Nkurunziza qui, une fois élu par le Parlement en 2005, puis au suffrage universel direct en 2010, a tente? de faire modifier la constitution dès mars 2014 pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Les députés et la société civile se sont alors farouchement opposés a? cette atteinte aux accords d’Arusha, garants de la stabilité démocratique du pays, au péril de leur vie et de leur liberté : après les élections de 2010, les incarcérations d’opposants et la répression des journalistes indépendants ont pris de l’ampleur.

Anna DEMONTIS,
charge?e de projet e?ditorial a? l’Acat

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