Edito

Une lecture qui a du Souffle

05 juin 2018

« Tout protestant fut Pape, une Bible à la main » (Nicolas Boileau-Despréaux) Pour Pierre Gisel dans son livre intitulé Bible : « cette formule de Boileau (satire XII) fut souvent répétée. Elle est en effet symptomatique [de la manière dont la Bible] déclasse la tradition ecclésiale, l'institution cléricale et le magistère romain [...] » (Bible, page 7). L'histoire du protestantisme est une affirmation constante de cette prise de position.

Nos Églises ont ce retour à la Bible en souci ces jours-ci. Le dossier de ce mois s'inscrit dans ce sillage. Le dernier Ressources (avril 2018) réaffirme cette intention. Dans le courrier d'envoi qui l'accompagne, Emmanuelle Seybolt (Présidente du Conseil National) rappelle que « ce numéro intitulé ; bienheureux celui qui lit ce livre inaugure le lancement de la dynamique Lire la Bible qui va se déployer sur 3 ans ». Ces élans se mesurent toutefois avec peine à la méfiance semée par les lectures plurielles de la Bible. Comment redonner à la Bible une crédibilité suffisante ? Quelle est la version la plus fiable ?

L’Esprit

Ces questions bien qu'actuelles résultent d'une quête d'intelligibilité du message biblique toujours enrichies d'apports divers, siècles après siècles. Transportées dans l'arène des savoirs par les penseurs du siècle des Lumières, les recherches exégétiques bibliques subiront graduellement le diktat de la liberté de la quête rationnelle. Les protestants sont à tort rendus seuls responsables de ces postures modernes, tantôt félicitées tantôt réprouvées. Il est vrai que les progrès les plus rapides furent le fait des exégètes protestants. Mais les savants catholiques y ont également participé, avec des conflits de conscience suscitées par des prises de position papales et conciliaires (l'Encyclique Divino afflante Spiritu de 1943, la constitution Dei Verbum de Vatican II) ; conflits apaisés par l'évaluation officielle des méthodes exégétiques publiée dans le document romain de 1993 : L'interprétation de la Bible dans l'Eglise. Peut-être bien que la Présidente de notre Conseil national n'a pas tort lorsqu'elle conclut sa lettre en ces termes : « il n'y a pas une bonne manière de lire la Bible, il n'y a pas un âge conseillé, il n'y a pas non plus de méthode infaillible pour que le texte devienne pour le lecteur Parole de vie. L'Esprit souffle où il veut ».

Philippe Eugène Biyong,
Pasteur en Hautes-Pyrennées.

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