Ciné Miroir

Une histoire d’hommes et de Dieu

17 février 2017

En février dernier sortait un film encensé par la critique : The Revenant. Il fut couronné de trois récompenses aux oscars dont celui de Meilleur Oscar pour Leonardo DiCaprio, qui incarne le rôle d’un trappeur condamné à survivre : une histoire de mort et de résurrection.

the revenant
Affiche

Ce magnifique film du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, récompensé aux Oscars 2015 pour Birdman, est une libre adaptation du roman du même nom de l'écrivain Michael Punke. Depuis l’enfance je me passionne pour l’Histoire de la formation des Etats-Unis et surtout des peuples amérindiens, les vrais américains ! J’ai lu nombre livres racontant la vie des grands explorateurs de l’Ouest américain... mais je ne connaissais pas Hugh Glass, le héros de ce récit épique de mort et de résurrection : une histoire vécue au début du 19eme siècle (1823), aux confins du Missouri (Dakota), en plein territoire des indiens Sahnish (Arikaras).
La Nature et son immensité versus l’Homme et sa fragilité
Laissé pour mort par un de ses anciens compagnons qui a assassiné sous ses yeux son fils, c’est une puissante soif de vengeance qui le maintient en vie. Celle-ci va peu à peu se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption. Inárritu nous plonge là au cœur d’une odyssée sauvage, brutale, une expérience qui nous prend aux tripes du début à la fin. En effet, pas de répits dans ce récit épique au sein d’une nature hostile et au milieu d’éléments naturels déchainés ; même si de longs moments de quiétude nous sont offerts, bercée par la musique de Ryuichi Sakamoto (Furyo). Cette traversée de l'enfer vécue par Glass dans ce décor magnifique se transforme très vite en un regard sur la solitude, ainsi que sur l’endurance physique et psychologique d’un homme, d’un croyant, comme tous semble l’être dans cette histoire d’hommes, des trappeurs aux indiens… tous, sauf, le Judas, le traître et vénal John Fitzgerald !
La vengeance est dans les mains de Dieu
Inárritu ajoute aussi à tout cela une puissante force spirituelle, venue transcender le motif de la vengeance et de l’amour. Sur sa route, dans son combat intérieur ou extérieur, le divin s’immisce dans la vie de Glass, fait de rêves, de souvenirs, de rencontres, notamment avec un indien pawnee qui va le soigner et lui rappeler que « la vengeance est dans les mains de Dieu ». Mais la réelle thématique de The revenant, c’est la Résurrection : l’homme qui reprend vie, quittant la tombe qu’on lui a creusée, en s’enveloppant ensuite dans la peau de la bête morte, puis renaissant à nouveau ! C’est ce que nous montre ce plan où l’on voit Glass, guéri de ses blessures, s’approcher en rêves des ruines d’une église où l’on voit l’image d’un Christ crucifié avec des marques de la Passion ressemblant à celles qui couvrent le corps de Glass…

En savoir plus

Film : The Revenant
Date : 2015
Scénario : Alejandro González Iñárritu, Mark L. Smith, adapté du roman Le Revenant de Michael Punke.
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter, Domhnall Gleeson
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu.
Musique : Ryuichi Sakamoto
Durée : 2h36
Genre : Western
Résumé : Fuyant les indiens avec d’autres trappeurs, une très mauvaise rencontre avec un grizzli va laisser Hugh Glass pour mort. Laissé à la garde du jeune Jim Bridger et d’un trappeur seulement motivé par l’appât du gain, John Fitzgerald, le Judas de l’histoire… Glass va non seulement être trahi et laissé pour mort par Fiztgerald, mais voir son fils, un jeune métis, être assassiné par ce dernier. Toute la dramaturgie de ce magnifique film est là résumée dans l’image de cet homme à l’agonie, s'accrochant aux seuls fils qui le maintiennent encore en vie : son amour pour sa femme assassinée par les soldats et pour son enfant assassiné sous ses yeux... et son puissant désir de vengeance !
Récompensé de 3 Oscars : Meilleur réalisateur, Meilleur acteur et Meilleure photographie.

Luc Serrano,
pasteur de l'Eglise protestante unie de France, à Rodez.

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