Méditation

Un plaidoyer peu protestant (Job 27,1-12)

05 novembre 2018

« Il n’y a pas de juste, pas même un seul » (Romains 3,10. Voir Ecclésiaste 7,20). La théologie protestante de la grâce imméritée s’est beaucoup inspirée de cette vérité biblique, qui est irréfutable.

Pourtant, un juste, s’il n’en restait qu’un, ce serait celui-là :

Job n'est pas comme le Pharisien, il ne cherche
pas son salut dans la comparaison mais
dans la vérité@wikimedia.org (2)

Job. Bien qu’il ne sache pas qu’il est l’enjeu d’un terrible pari, il ne va pas s’inventer des impiétés ou des crimes qu’il n’a pas commis. Il sait que la quantité d’épreuves qui s’abattent sur lui ne sont pas la rétribution d’on ne sait quelle faute cachée. Job maintiendra ainsi sa défense jusqu’au bout… et l’Éternel ne lui donnera pas tort ! Au contraire, ce sont ses bons amis avec leurs arguments bien… pesés, qui seront réprimandés.

Honnêteté

Job est un conte spirituel (même s’il a peut-être quelque base historique ; Ézéchiel 14,14,20). N’en tirons donc pas de conclusions hâtives : pas d’immaculée conception pour lui non plus ! Néanmoins, on peut déduire de l’ensemble du livre qu’on n’est pas obligé de s’inventer des péchés imaginaires ou surfaits pour paraître devant Dieu. Il n’y a pas de concours d’humilité à faire pour oser traiter avec Dieu. Job est un amoureux de la vérité, même quand elle est… en sa faveur. Son incompréhension est d’autant plus grande devant les malheurs qui le frappent : C’est vraiment trop injuste ! Dieu va honorer l’honnêteté de Job-Calimero.

Intégrité

« Jusqu’à ce que j’expire, je ne renoncerai pas à mon intégrité ; je tiens à ma justice, je ne faiblirai pas ». (27,5-6). Cela aussi est une posture rare. Face à l’injustice de l’existence, beaucoup réagissent en disant : « Eh bien, puisque c’est comme ça, autant se laisser aller… » Job se sait intègre ; intègre il restera. Voilà une attitude peu ordinaire qui devrait servir de modèle. Beaucoup de gens se font passer pour des saints alors qu’ils sont corrompus : c’est qu’ils se comparent non pas à l’excellence mais aux gens qu’ils estiment être moins bien qu’eux-mêmes (cf. le Pharisien de Lc 18,9-14). Job ne se compare pas : il essaye seulement d’être vrai avec lui-même et avec Dieu.

En savoir plus

Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit : 2 Dieu qui me refuse justice est vivant ! Le Tout-Puissant qui remplit mon âme d'amertume est vivant ! 3 Aussi longtemps que j'aurai ma respiration, Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines, 4 Mes lèvres ne prononceront rien d'injuste, Ma langue ne dira rien de faux. 5 Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu'à mon dernier soupir je défendrai mon innocence ; 6 Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas ; Mon cœur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours. 7 Que mon ennemi soit comme le méchant, Et mon adversaire comme l'impie ! 8 Quelle espérance reste-t-il à l'impie, Quand Dieu coupe le fil de sa vie, Quand il lui retire son âme ? 9 Est-ce que Dieu écoute ses cris, Quand l'angoisse vient l'assaillir ? 10 Fait-il du Tout-Puissant ses délices ? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu ? 11 Je vous enseignerai les voies de Dieu, Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant. 12 Mais vous les connaissez, et vous êtes d'accord ; Pourquoi donc vous laisser aller à de vaines pensées ? (Job 27,1-12)

Philippe Malidor,
journaliste et traducteur.

Commentaires