Témoignage d’un libraire

01 février 2018

Stéphane est libraire dans une petite ville de province. Sa librairie a toujours possédé un rayon avec quelques romans érotiques, certains reconnus parmi la grande littérature, d’autres réservés à un public plus averti. Ce rayon comme dans beaucoup de librairies s’est longtemps trouvé relégué dans un recoin de la librairie…

Stéphane est libraire dans une petite ville de province. Sa librairie a toujours possédé un rayon avec quelques romans érotiques, certains reconnus parmi la grande littérature, d’autres réservés à un public plus averti. Ce rayon comme dans beaucoup de librairies s’est longtemps trouvé relégué dans un recoin de la librairie… histoire que les yeux les plus chastes n’y viennent pas trop fouiner. Mais les choses ont changé en 2012 avec la sortie du premier tome de la trilogie des 50 nuances de Grey. Ce livre, devenu en quelques mois un phénomène de librairie, vendu à plus de 100 millions d’exemplaires, conte les aventures d’une jeune étudiante un peu naïve qui tombe amoureuse d’un homme riche et puissant lui faisant découvrir le monde de la sexualité marquée par les jeux de domination…

Stéphane partage assez l’avis de son collègue toulousain qui a résumé cette série en huit mots seulement : « Littérairement : nul ; érotiquement : banal ; sociologiquement : réac’ ; commercialement : super ! » S’il ne se bat pas pour faire la promotion de ce titre, il ne peut pourtant l’ignorer dans sa librairie, ouverte à tous les publics et proposant plus de 6000 titres en permanence. Cette littérature n’est pas devenue son fonds de commerce, mais elle permet à ceux de ses lecteurs qui fonctionnent à l’injonction médiatique de continuer à pousser la porte de sa librairie et à éventuellement découvrir encore les vrais coups de cœur que Stéphane leur propose.

 

Gérald MACHABERT,
journal Réveil

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