Israël-Palestine

Retour d’une mission pour la paix

01 mai 2018

Charlotte Secco, jeune étudiante de 22 ans, a profité d’une année de césure au terme de sa licence en sciences sociales, économiques et politiques pour se porter volontaire dans le cadre du programme EAPPI. Elle s’est donc retrouvée à Jérusalem de janvier à mars dernier et porte désormais son témoignage au travers de rencontres et de conférences.

Charlotte Secco a, en quelque sorte, devancé l’appel. Depuis 2002, à l’initiative du Conseil œcuménique des Églises, des volontaires du monde entier sont envoyés par équipes de trois auprès des Églises chrétiennes en Palestine-Israël et auprès des associations qui militent pour la paix dans le cadre du Programme d’accompagnement œcuménique en Palestine-Israël (EAPPI en anglais). Pour ces missions de témoignage – en particulier de surveillance aux check-points pour s’assurer du respect des règles et de la possibilité de circulation de la population palestinienne –, EAPPI envoie des volontaires à partir de 25 ans. Charlotte n’a « que » 22 ans, mais son parcours tant personnel qu’universitaire a convaincu les porteurs du programme de l’envoyer à Jérusalem, de janvier à mars derniers. Depuis son retour, elle s’active pour partager ce dont elle a été témoin et ce qu’elle a vécu, afin d’éclairer un peu mieux un conflit complexe qui ne peut se résoudre à quelques approximations rapides.

Altercation lors d’une manifestation pacifiste des Women in Black à Jérusalem

(© Charlotte Secco/EAPPI)

 

Surveiller les checkpoints

J’ai passé trois mois à Jérusalem. Voici les missions des accompagnateurs œcuméniques. Nous surveillions l’accès au travail, à l’éducation et aux lieux de culte. Nous assurions plusieurs fois par semaine une présence au checkpoints de Qalandiya. C’est la première humiliation de la journée pour les Palestiniens. Il leur faut attendre en ligne des heures qu’on les contrôle, en plus de tous les permis qui régissent leur vie. La ligne prioritaire étant toujours fermée, il est communément admis que les vieilles personnes et les femmes peuvent passer devant. Nous étions aussi présents au checkpoint via Dolorosa, dans la vieille ville. Les lycéens y passent tous les jours et se font fouiller et vérifier leur identité par des soldats agressifs. Dix lycéens mineurs d’un même lycée ont fait de la prison durant mon séjour.

Nous visitions chaque semaine plusieurs villages bédouins. Visiter ces communautés d’anciens nomades, enfermées entre le mur, des autoroutes et les colonies, m’a particulièrement touchée. Le nomadisme est pour moi symbole de liberté. Mais ici, ils sont dans une prison à ciel ouvert. Ne pouvant déjà plus se déplacer au gré des saisons, ils se battent pour maintenir ce qui reste de leur mode de vie et de leur terre.

 

Mettre fin aux colonies indues

Nous soutenions aussi les manifestations non violentes menées par les Israéliens pacifistes. Ils se battent pour et au côté des Palestiniens pour mettre fin à l’occupation et aux colonies. La vie n’est pas facile non plus de leur côté du mur. Insultés, agressés, accusés de traîtrise, ils portent les couleurs de la Palestine.

Nous assistions aux nombreuses démolitions. Ces démolitions ont pour motif l’absence de permis de construire – sachant que plus que 13 % du territoire restent à l’usage des Palestiniens – ou l’application de punitions collectives, interdites par le droit international.

Nous faisions dès que nous pouvions des rondes dans la vieille ville. Sujette aux convoitises du gouvernement, elle n’est pas exempte de démolitions, de colonisation et de présence militaire. Même l’esplanade des mosquées, lieu pourtant sensible, est convoitée par les activistes du mont du Temple. Ils organisent des visites du mont du Temple pour les juifs orthodoxes, avec une escorte armée. Ce n’est pas seulement une infraction à leurs propres lois – politique et théologique – c’est aussi une provocation supplémentaire.

 

 

 

En savoir plus

Pour solliciter Charlotte pour une conférence, discussion, soirée-débat, etc. :

Charlotte Secco

Tél. : 06 24 83 00 67

secco.charlotte@hotmail.fr

Charlotte SECCO,
Envoyée EAPPI à Jérusalem – janvier-mars 2018

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