Offrir le sourire d'une musique

Pascale Gheysen

01 janvier 2018

 

Pascale Gheysen est en charge de l’aumônerie hospitalière dans les établissements de Romans et de Tournon, sur les deux rives du Rhône, drômoise et ardéchoise. Lorsqu’elle pousse la porte d’une chambre, elle propose un temps de rencontre ou d’échange, toujours avec sa guitare sur le dos.

Rencontrer Pascale Gheysen c’est déjà rencontrer son sourire ; un sourire qui dit son accueil et sa disponibilité. C’est bien cette attention à l’autre, cette disponibilité à l’autre et à son écoute qui porte le ministère de Pascale en aumônerie hospitalière. C’est probablement ce qui tisse un fil rouge à travers sa carrière professionnelle aux engagements déjà variés.

© Pascale Gheysen

 

Au service des plus fragiles

C’est à 20 ans que Pascale se convertit. Elle hésite à prononcer le mot de conversion tant celui-ci lui paraît aujourd’hui connoté négativement ou mal entendu dans certains milieux. Pourtant, alors qu’elle se retrouve à Lille pour faire ses études et qu’elle se voit entraînée dans une spirale d’échecs et d’isolement, elle rencontre un pasteur, et une communauté autour de lui, qui redonnent un sens à sa vie et une espérance fondée sur la foi en Christ. Cette rencontre est décisive. Pascale s’engage dans une vie communautaire autour de l’accueil de sans-logis. Elle y restera pendant une dizaine d’années et y rencontrera celui qui est aujourd’hui son mari. Au terme de cette décennie lilloise au sein de l’ABEJ (Association baptiste pour l’entraide et la jeunesse), Pascale et son mari prennent les routes de l’Ardèche pour prendre la responsabilité d’une ferme pédagogique de l’ABEJ, dans le village de Boffres. Ils y restent pendant environ huit ans, jusqu’à la fermeture de la structure qui les conduit l’un comme l’autre à une reconversion professionnelle. Pascale s’engage alors comme animatrice socioculturelle dans une maison de retraite, à mi-temps.

Un blog pour partager ses pensées

© Pascale Gheysen

 

Un pied puis l’autre dans l’aumônerie

Lorsque l’un des pasteurs de Valence, en partie en charge de l’aumônerie à l’hôpital de Valence, prend un congé sabbatique, Pascale est sollicitée pour s’y engager. Ça tombe bien ! Elle s’était engagée dans un cheminement de formation à l’écoute qu’elle allait pouvoir mettre à profit dans cet engagement auprès des malades et des équipes soignantes. Pendant trois ans, elle va ainsi poursuivre entre animation en maison de retraite et aumônerie hospitalière et découvrir, déjà, que la musique peut faire le lien entre les deux. Au retour du congé sabbatique du pasteur, Pascale cède sa place à l’aumônerie hospitalière, mais la graine est déjà semée… C’est ainsi qu’elle est de nouveau sollicitée pour cette aumônerie à Valence pendant une année de vacance sur le poste pastoral en 2015-2016. Depuis la nomination d’un nouveau pasteur à Valence, Pascale a proposé ses services dans l’aumônerie – d’abord à Romans puis aujourd’hui à Tournon.

De l’aumônerie à Valence, Pascale a développé une présence protestante à Romans, dont l’hôpital dépend de celui de Valence. Elle y a d’abord été investie à 20 % de temps qui se sont transformés en 40 %. Actuellement, elle est engagée à Tournon également, à hauteur d’une journée par semaine, soit 20 % de temps, mais de manière bénévole. « Il faut prendre le temps de montrer qu’une présence d’aumônerie est un plus pour un établissement hospitalier. Ensuite, cette présence peut être contractualisée à travers une rémunération. Mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. »

Un travail en lien avec les professionnels

© Pascale Gheysen

 

La nécessité d’une formation

Depuis sa formation à l’écoute et en relation d’aide, il semble que Pascale n’ait cessé de s’investir dans la formation pour habiter au mieux son ministère. Elle a démarré cette année une formation dans un diplôme universitaire dispensé par l’Université de Strasbourg et commun à tous les services d’aumônerie (hospitalière, carcérale, militaire). « Nous sommes soumis au cadre institutionnel hospitalier dans un contexte de laïcité et nous devons veiller à ne pas faire de prosélytisme. C’est ce que nous rappelons régulièrement aux équipes bénévoles de visiteurs. »

La musique pour tisser du lien

© Pascale Gheysen

 

La visite à travers la musique

Guitariste, Pascale se forme également de façon continue dans la pratique de cet instrument et s’est formée à une initiation à la musicothérapie. Elle met ce talent à disposition lors de ses visites : « j’ai deux répertoires, l’un plus tourné sur des cantiques, l’autre sur de la chanson française. Lorsque j’entre dans une chambre, je demande si ma visite est possible ou non, pour parler ou pour que je chante. La musique est un bon outil pour frayer un chemin. » Ainsi, elle propose ces temps musicaux dans le service mère-enfant de l’hôpital de Romans : « sans parler de Dieu, la musique apporte du bien-être, au sens où cela fait du bien aux personnes. » C’est cette capacité à faire du bien aux personnes qui a d’ailleurs été sollicitée à l’hôpital de Tournon ; tous les quinze jours, Pascale y anime un atelier tout à fait particulier puisqu’elle joue de la guitare et chante pour les personnes cérébro-lésées du service EVC (état végétatif chronique), en alternance avec le service de soins palliatifs. Un atelier qui a d’abord déstabilisé Pascale puisque les patients ne sont pas en état de réagir ou de faire part de ce qu’ils vivent à travers ce moment partagé : « je ne sais pas ce que je leur apporte, mais cela maintient le lien. Cela rejoint aussi ma conviction que toute personne a droit à de l’attention. »

 

Cette attention, c’est, pour Pascale, celle de l’Église tout entière. À Romans, comme à Tournon, elle souhaite partager le travail de l’aumônerie hospitalière avec l’Église tout entière et s’attache à ce que les conseils presbytéraux portent ces projets et ces visites par le biais d’équipes d’aumônerie locales : « il se passe plein de choses à l’hôpital, de la naissance à la fin de la vie… À travers la musique et la guitare, il se passe quelque chose de l’ordre de l’amour : au-delà de la musique, il y a quelqu’un. 

En savoir plus

Depuis quelques années, Pascale écrit : « cela aide à passer des caps dans ma vie personnelle ou dans l’accompagnement de proches ou de malades. » Ses textes, elle en partage quelques-uns à travers un blog sur internet où elle livre des pensées sur la maladie, sur son ministère dans l’aumônerie, sur la vie en général, sur les personnes qui accompagnent les malades – professionnels et bénévoles, sur le rôle de la musique, etc.

Petit à petit, ce site est devenu un beau lieu de ressources et de ressourcement, à travers de petits témoignages, des réflexions du quotidien, où s’ancre la vie de chacun.

N’hésitez pas à aller y faire un tour :

https://www.pascale-gheysen.com/

Gérald MACHABERT,
journal Réveil

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