Syrie

Ne pas se taire face au massacre

01 février 2017

Depuis début octobre, un mouvement de citoyens se retrouve tous les jeudis pour une manifestation silencieuse devant l’ambassade de Syrie à Paris, pour protester contre le massacre de la population d’Alep. Cette ville restera certainement synonyme de la barbarie de ce conflit et de l’immobilisme de la communauté internationale.

Il y a des villes ou des territoires dont le nom reste associé à la brutalité d’un conflit et à l’impuissance de la communauté internationale. Alep fera certainement partie de cette triste litanie, à côté de Srebrenica ou de Sarajevo. Au-delà des images terribles des bombardements, au-delà de la complexité de la situation géopolitique ou géostratégique, au-delà des discours partisans dans un sens ou dans un autre, il reste la souffrance des populations de la ville d’Alep et des quartiers Est, tout particulièrement. Certes, la situation est complexe entre les nombreuses forces en présence et les différentes milices, et la propagande s’emploie activement à brouiller les repères, mais la communauté internationale se révèle incapable d’agir pour venir au secours des populations prises en étau entre les belligérants, sous le feu non seulement de leur discours, mais plus sûrement de leurs obus !

Un geste contre le silence

Début octobre, ils sont trois à se dire que ce massacre ne peut pas continuer dans le silence des médias et de la société civile. Sylvian Cuzent, ancien directeur général du Centre d’action social protestant (CASP), Muriel Ménenteau, équipière de la Mission populaire évangélique à la Maison Verte à Paris et Nicolas Derobert, ancien responsable de la communication à Eurodiakonia à Bruxelles après avoir été à la Fédération de l’Entraide protestante à Paris, lancent un rassemblement silencieux ponctué par l’allumage de bougies devant l’ambassade de Syrie, à Paris. Semaine après semaine, ils lancent cet appel à la mobilisation de la société civile. Muriel Ménenteau souligne que ce rassemblement n’a pas vocation à être partisan : « On reste sur un geste symbolique. Nous ne sommes pas porte-paroles de la révolution syrienne, mais souhaitons simplement manifester la solidarité de citoyens français à l’égard des citoyens d’Alep-Est. » Cette mobilisation citoyenne, « Alep, Syrie : Arrêtez le massacre ! », a d’abord mobilisé timidement jusqu’aux vacances de la Toussaint, principalement dans les réseaux protestants. Puis, petit à petit, par le fort travail de partage sur les réseaux sociaux et par la médiatisation grandissante sur la situation des habitants d’Alep au mois de décembre, la mobilisation s’est étendue.

Une mobilisation internationale

La situation qui perdure, l’immobilité de la communauté internationale, la multiplication des cessez-le-feu transgressés les uns après les autres…, tout ceci fait naître des initiatives de plus en plus nombreuses en soutien à la population alépine. Le 26 décembre dernier, 400 personnes se sont mises en route au départ de Berlin pour rejoindre Alep dans une marche civile en solidarité avec le peuple syrien. La Fédération protestante de France a publié un communiqué le 5 décembre dernier « Sauvez Alep ! » et a reçu le maire d’Alep-Est, Brita Hagi Hasan, le 21 décembre. Malgré cela, Muriel Ménenteau juge que la mobilisation reste timide : « Les responsables de cultes en France sont restés silencieux sur la situation et du côté des pouvoirs publics, les discours ne sont pas suivi d’actes… »
Après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU du plan de paix proposé par la Russie et la Turquie, fin décembre, le cessez-le feu était de nouveau mis à mal début janvier…

 

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Gérald MACHABERT
journal Réveil

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