Mort et espérance de la résurrection. Jacques Ellul, Olivétan, Lyon, 2016.

01 octobre 2017

Mort et espérance de la résurrection. Jacques Ellul, Olivétan, Lyon, 2016.

 

Il s’agit d’une compilation d’exposés et d’études bibliques donnés sous forme de conférences entre 1974 et 1992 (parfois avec un autre orateur) auxquelles s’ajoutent quelques articles de la même période. Le ton est pédagogique, voire pastoral par son souci de témoigner de l’espérance chrétienne, et rend la lecture accessible à un large public.

Contre Bultmann notamment (p.116) et ses héritiers, Ellul tient que la résurrection de Jésus n’est pas un mythe, ne serait-ce que par son inclusion dans un genre d’écrit historique (l’évangile), et par la mention de ses nombreux témoins. Elle est réelle, corporelle comme l’atteste le tombeau vide, signe de la victoire ultime de Dieu sur sa mort et sur la nôtre. Notre espérance naît de ces mots entendus au matin de Pâques : « il n’est plus ici ». Ils ne répondent pas à notre curiosité concernant l’au-delà et le comment de la résurrection, mais à notre quête de sens. La mort est perte radicale de tous nos moyens de décision et d’action, une « épreuve épouvantable ». L’angoisse de Jésus à Gethsémané est incompatible avec la mort qu’un vieux cantique compare à une « joyeuse entrée au port ». À ce sujet, Ellul s’oppose au dualisme platonicien (le corps prison de l’âme) et à la croyance en la migration des âmes. C’est tout entier (quoique transformés, cf. 1 Corinthiens 15, texte souvent cité) que nous mourons et que nous ressusciterons. Séparer un corps mortel d’une âme réputée immortelle n’est pas biblique. Ce qui ne peut mourir, c’est l’Esprit de Dieu en nous, « puissance de vie, puissance d’être » (p.47) que la mort restitue à Dieu. Notre mort, c’est l’abandon entre ses mains de tout ce que notre vie aura été et dont il se servira (ou pas, selon son jugement) pour la nouvelle création. La puissance de la mort anéantit notre volonté d’autonomie, d’indépendance, d’efficacité (que nous cherchons notamment par la technique). Mais c’est précisément en nous abandonnant à Dieu, en renonçant à nous-mêmes, que nous dépouillons la mort de ce pouvoir de séparation et de néant. Bien des idées, des citations d’auteurs et autres illustrations reviennent d’un texte à l’autre, mais ces répétitions n’enlèvent rien à l’intérêt du recueil. Intérêt que l’on trouve notamment dans la transcription des réponses d’Ellul aux questions d’auditeurs qui sont aussi les nôtres : Dieu décide-t-il de notre mort ? Serons-nous tous sauvés ? etc. Les réponses d’Ellul paraissent parfois abruptes, souvent paradoxales, mais s’appuient toujours sur une lecture approfondie des Écritures, source où sa pensée si riche et féconde entendait puiser, et non dans l’esprit du temps.

Christophe Desplanque,
Pasteur à Agen et secrétaire des Attestants.

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