Moi président ...

27 février 2017

Reprenant et transformant une idée de l’hebdomadaire Réforme traitée sous forme de voeux pour la nouvelle année, PPBN a demandé à différents protagonistes de notre consistoire bas-normand de répondre aux question suivantes : 

 

??  moi président : si jamais vous étiez élu, quelle serait la première mesure que vous prendriez pour inaugurer votre quinquennat ? 

? en tant que protestant, quelles sont à vos yeux les deux chantiers essentiels où s’engager ? (la formulation pouvait prêter à confusion et être comprise dans le sens de chantiers à mettre en place au sein du protestantisme ou de chantiers où prioritairement s’engager en tant que protestant). 

 

Voici les réponses de ceux qui ont accepté de se livrer à l’exercice.
Libre à chacun d’y trouver matière à débat, à critique, d’y ajouter ses souhaits, ses propositions, ses utopies … 

Précisons que les réflexions qui suivent n’engagement que le responsabilité de leurs auteurs et que les titres sont de la rédaction. 

Mettre en place le programme ECLA 

J’en ai mis deux : 

- régulariser les sans papiers et accueillir des réfugiés pour donner les signes d'une confiance en l'avenir ainsi qu'un nouveau mode de rapport entre les personnes basé sur l'accueil et la découverte et non le repli sur soi.

- lancer la mise en place du programme ÉCLA : Education, Culture, Logement, Agriculture qui forment un socle d'actions qui permettent de favoriser l'égalité dans notre société et de repenser également l'équilibre villes-campagnes.

Ce programme serait financé par l'arrêt progressif, mais assez rapide tout de même, des dépenses militaires et de l'armée.

- depuis la Réforme, les protestants se sont intéressés aux questions d'économie. Aujourd'hui aussi, il est essentiel de s'engager sur la réflexion autour d'une nouvelle économie et des rapports au travail :partage des richesses, lutte contre les inégalités, échanges entre les pays, économie sociale et solidaire, organisations coopératives, ...

- la sauvegarde de la création en prenant part aux questions de justice climatique (lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences pour les populations).

Etienne Fels, président du conseil presbytéral de l'EPU du Bocage Normand, directeur de la Fédération des Cuma* de Basse Normandie.

*Cuma : Coopérative d'Utilisation du matériel Agricole

 S’attaquer au scandale du logement 

- si j'étais président(e), je m'attaquerais à mettre en place l’égalité entre régime des fonctionnaires et régime du privé et supprimerais les  régimes spéciaux.

En tant que protestante, j'estime que les deux chantiers importants sont - le logement. Il est scandaleux que les personnes ne puissent pas se loger et en particulier que des enfants dorment dans des conditions scandaleuses (le problème du logement est pour moi vraiment crucial ; je trouve triste et scandaleux que des personnes seules, des couples, avec enfants surtout, ne puissent avoir de logements décents. Comment de jeunes enfants peuvent-ils s'épanouir, faire leurs devoirs et grandir quand ils n'ont même pas un espace pour eux ! le problème est particulièrement aigüe en région parisienne où dans les grandes villes, même quand les adultes ont un travail. Et l'on sait pourtant que  les logements vacants existent …)

- lutte contre la drogue. 

Monique Guntzberger (conseillère presbytérale Cherbourg, retraitée, couple mixte, se partage entre le Cotentin et la région parisienne)

Apprendre à vivre ensemble 

Moi présidente ? C'est une question qui ne m'est jamais, au grand jamais venue à l'esprit tellement je me sens incapable de jouer ce rôle.Malgré tout, je joue le jeu ; j'essaie d'y réfléchir en risquant d'être "à côté de la plaque » (en meilleur français, "hors sujet ! »).

Avant de songer à être présidente, je me projetterais (en pensée bien sûr !) tout là-haut, à côté de notre astronaute rouennais, Thomas Pesquet qui contemple notre 'toute petite' terre, comme un géant contemplerait un 'tout petit ' nid de fourmis.

Et là, je réfléchirais à notre dimension dans l'univers. Quelles sont les valeurs réelles vues de là-haut ? : La valeur-or c'est à dire la richesse matérielle?, la morale du chacun pour soi ?  le massacre de notre petit espace de vie (la terre) par une exploitation et une consommation à outrance ? Les tueries organisées dans des pays dont nous avons envie d'exploiter les richesses ?

Au rythme actuel, on est en train de crever en s'entredétruisant et en ruinant notre si belle planète ! ... belle, mais si minuscule de là-haut ! À la fois minuscule  et  seul endroit, à l'heure des découvertes actuelles, où nous, pauvres humains, pouvons vivre. Nous n'avons pas ailleurs où aller !Du coup, en politique, le chantier semble immense, utopique mais vital, donc urgent à réaliser.

C'est quoi ? L'inversion de nos valeurs de société que prône actuellement le libéralisme à outrance, c’est à dire la morale du chacun pour soi : en normand on dirait : "au plus fort la 'pouque'* !!!" (pouque*: mot régional = sac à pommes en toile de jute)"

 Si j'entrais en politique, je dirais : "C'est le contraire qu'il est urgent de réhabiliter  dans  un langage vérité grâce à des média libérés des mains des nantis, soit : 

- l’apprentissage du vivre ensemble, 

- le respect de chacun quelque soit son pays sa langue, ses croyances, 

- une répartition plus équitable des biens dans le respect de notre planète Terre.

Mais je crois bien qu'avec tous ces propos je me ferais jeter en vitesse, n'est-ce pas ?

- dans l'urgence actuelle, un chantier important sur une aide efficace, visible, aux émigrés de tous pays, de toutes religions.

- la poursuite du  chantier des réunions interreligieuses ( juifs, musulmans, catholiques, protestants) ; de plus  en dehors de discussions purement religieuses, des débats sur différents thèmes choisis ; ou bien sur tel ou tel film, par exemple et qui pourrait être reçu différemment ;  simplement un repas partagé avec différents plats typiques ou symboliques ... etc. Bref, une meilleure connaissance interreligieuse et interculturelle.  C'est l'ignorance qui engendre tant d' incompréhension , de peur, et au final, de violence.

 Laure Guérin (Caen)

 Plafonner les hauts salaires 

- si j'étais président, je demanderais que soient organisées et mises en place des assemblées participatives dans chaque département avec un rapporteur qui serait aussi membre d'un ministère attribué et qui serait chargé de sérier les propositions et initiatives citoyennes.

- si j'étais président, j'instaurerais des élections à la proportionnelle, pour un gouvernement réellement représentatif.

- si j'étais président, je modifierais le CICE pour en éliminer les entreprises largement bénéficiaires comme les banques, les groupes d'assurances, etc. . .ce qui permettrait des économies importantes pour notre pays, déjà fortement endetté.

- si j'étais président, j'exigerais que les mesures concernant la transition énergétique prises durant la COP 21 soient applicables immédiatement.

  • si j'étais président, je plafonnerais les salaires, les revenus et les parachutes dorés des dirigeants du grand patronat.

Concernant notre Eglise Protestante Unie, voici deux chantiers que j'aimerais voir ouverts :

- la place et le rôle des enfants et des jeunes dans nos paroisses,

- les actions concrètes à mener dans nos communautés pour les migrants.

Michèle Mélières (Ouistreham)

Convertir les usines d’armement 

Si j'étais élue présidente de la République est une question qui ne se pose pas !

Le pouvoir est un exercice difficile : un candidat est à priori sincère, ensuite la réalité du pouvoir est tout autre.

Ceci dit, si j'étais présidente, en priorité, je ferais en sorte que toute personne ait un logement. Au 21ème siècle, il me paraît scandaleux que chacun ne dispose pas d'un toit et d'un lit.

 En tant que protestant, les deux mesures qui me semblent les plus urgentes seraient :

- s'engager en priorité auprès des  jeunes pour créer des liens (le bien vivre ensemble) et leur donner pleine confiance en l'avenir. 

- la conversion des usines d'armement pour des chantiers de lutte contre la faim et la pauvreté.

Mireille Fels (pays d’Auge)

Supprimer le droit de grâce 

Première mesure: suppression du droit de grâce du président : entrave à la séparation des pouvoirs. Le droit de grâce certes n'efface pas la condamnation, mais comme il a pour effet de ne pas la faire exécuter… Une condamnation non mise à exécution n’est plus vraiment une condamnation dans la rigueur qui s’attache à elle, même si elle reste inscrite au casier judiciaire.

Je m'étonne que tous les politiques, qui à longueur d'années proclament  la main sur le coeur que la justice est indépendante ne s’insurgent pas contre cette survivance monarchique. En plus, ce droit de grâce a pour effet de cristalliser la méfiance- déjà grande- des magistrats à l'égard des politiques. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler la réaction de l'USM sur l'affaire Jacqueline Sauvage. Et l'USM syndicat majoritaire chez les magistrats ne peut être soupçonnée de dérive … gauchiste. En accordant son droit de grâce à Mme Sauvage, François Hollande a certes mis l'opinion publique de son côté, mais s'est opposé aux décisions judiciaires qui -toutes- refusaient la remise en liberté de la susdite. Je rappelle que le président de la République est constitutionnellement garant de l'indépendance de la justice, mais apparemment tout le monde s'en fout, ce qui donne une idée de la déliquescence des principes républicains. 

Jean-Michel Ouler (membre du conseil presbytéral de l'Eglise Protestante Unie du Pays d’Auge)

Démanteler Fessenheim 

- la première décision que je prendrais si j’étais élu président de la République française, serait d'ordonner le premier coup de pioche du démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim.

- le conflit le plus dangereux pour la paix dans tous les continents, est  le conflit israélo-palestinien. À force de laisser Israël violer impunément le droit, cet Etat se considère et agit sans  respecter aucune règle, soutenu en cela par de nombreuses Eglises du Proche-Orient. La complaisance envers l'État d'Israël a entretenu la violence et n'a en rien renforcé le camp de la paix . Il est donc temps maintenant pour toutes les Eglises, c'est-à-dire pour les hommes et les femmes qui les constituent, de se grouper pour faire cesser les risques d'une guerre aux  conséquences inimaginables. Les Eglises pourtant  très attachées au berceau du christianisme n’ont pas  su, et surtout, n’ont pas cherché à peser de tout leur poids autant que leurs forces le leur permettaient alors qu’elles ont une carte à jouer  :  « La fidèlité et la loyauté se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent » (Psaume 85/11). 

Joël Le Billan (Caen)

Rétablir la cohésion sociale 

Je ne prendrais pas de "1ère mesure", qui risquerait d'apparaître comme un abus de pouvoir ou une attitude populiste à court terme, mais je m'efforcerais de donner dès le début du mandat une « forte impulsion», à long terme, en vue de rétablir la cohésion sociale du pays.

Depuis une vingtaine d'années, on a cherché à diviser et opposer les groupes sociaux. Les Français contre les « étrangers", les « Français de souche » contre les "naturalisés", les salariés du privé contre les « fonctionnaires », les « Smicards » contre les chômeurs, les travailleurs contre les « assistés », etc.

Actuellement, le « système », relayé par des médias qui lui sont soumis, applique 3 principes pour régner : diviser, culpabiliser, apeurer ... Excellent moyen pour gouverner une masse de moutons et faire du commerce,  mais désastreux pour la démocratie.

Naturellement, ce n'est pas par une « première mesure », ni par une promulgation de lois et décrets qu'on règlera la question. C’est sur le long terme qu’il faut mener une politique et non en fonction des échéances électorales. « Vaste programme !»  

-  en cette année « Luther », retourner à la Bible, en particulier aux évangiles et en proposer les messages de façon claire et accessible au plus grand nombre. Désencombrer les discours institutionnels du « charabia » ecclésiastique, rendre compréhensibles les prédications et éviter d’obscurcir les messages de l’Eglise par des débats sans intérêt. En clair, revenir à "la" mission" de l'Eglise, annoncer et actualiser  les messages de la Bible 

 -  donner une certaine lisibilité à l'Eglise Protestante pour le "grand public" qui ne connaît pas ou ne comprend plus rien aux institutions, aux doctrines  et  aux "courants". Expliquer le (ou les) Protestantisme(s), en rappelant sa « filiation » (et non rupture)  historique, en montrant sa diversité comme une richesse, et en rappelant son ouverture au monde contemporain.

Donc, 2 « chantiers » d’ « ouverture » 

Jean Guérin (Caen, prédicateur laïc EPUdF)

Instaurer le Jubilé 

Ma première mesure serait certainement d’instaurer le Jubilé pour considérer que rien n’est acquis définitivement  et qu’il faut partager pour vivre heureux !

En tant que protestant, les deux chantiers qui me semblent prioritaires, pas forcément dans l’ordre d’ailleurs :

- l’éducation pour tous et à tout âge.

- l’identité. Il me semble que nos compatriotes souffrent de ne plus savoir qui ils sont ; certainement parce que le souci de défendre leur dignité n’a pas étouffé les décideurs. Du coup, ils se raccrochent à des marqueurs d’identité qui sont un peu légers.

Subayi Subayi (président du conseil presbytéral de l’EPU Caen) 

Créer le ministère du vivre ensemble 

- je “rebaptise” le ministère des affaires sociales en “ ministère du vivre ensemble” dans lequel l’AUTRE dans toutes ses différences (religion, handicap, couleur, sexualité ...) devra être pris en compte dans toute sa dimension humaine, 

- je fais définir ou redéfinir, par des spécialistes, la laïcité et je  fais afficher le texte dans tous les lieux publics, écoles et  lieux de culte.

Je souhaite un protestantisme moins divisé avec avec une voix audible, car le protestantisme est porteur de valeurs fortes que notre société a besoin d’entendre !  

Paul Peytremann (EPU Bocage normand)

Investir dans les énergies renouvelables 

J’ai de la peine à me projeter ...”présidente”.  !!!!!!!

Il y a simplement une question qui me hante : “pourquoi n’investissons-nous pas davantage dans les énergies renouvelables”. Des chercheurs, ingénieurs-ingénieux ont trouvé bien des alternatives géothermiques, hydrauliques, solaires, gaz naturel etc… cela pourrait relancer des industries : donner du travail et participer à “la sauvegarde de la création”.....

Il est probable que nous sommes nombreux, nombreuses à souhaiter cela …

Danielle Daguet (EPU Manche)

Changer les paroles de la Marseillaise

- moi présidente , je ferais un discours sur un monde futur de paix et de solidarité et je prendrais une mesure symbolique : changer les paroles de la Marseillaise en y associant particulièrement les jeunes.

- en tant que protestante et sensibilisée depuis longtemps sur le thème " justice, paix et sauvegarde de la création", tous les chantiers et non pas seulement deux devraient tenir compte de cette vision pour le futur, les 3 item étant déjà liés. Je demanderais donc à mes ministres avant de lancer un chantier de se poser la question : "qu'est-ce qui dans ce chantier va dans le sens de la justice et de la sauvegarde du patrimoine mondial (avec en premier lieux les "biens communs" que sont l'air que nous respirons, l'eau et l'énergie évidemment renouvelable) ces  deux domaines étant porteurs de paix? 

Jeannette Lebillan (Caen)

 

 

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