Engagement

Marcher, c’est aussi protester

27 juin 2018

Par son occupation de l’espace, le marcheur témoigne de son existence. Il rencontre d’autres marcheurs. De marcheurs en marcheurs, la marche devient le lieu d’un engagement et d’une protestation.

Le marcheur n’a rien d’autre que lui-même. Son corps est sa seule force et sa seule défense. Le 12 mars 1930, lorsqu’il quitte son ashram avec quelques dizaines de disciples, c’est bien ce dont témoigne le Mahatma Gandhi. Face à l’intransigeance des Britanniques, ils se mettent en chemin pour parcourir 386 km jusqu’à l’Océan indien où ils vont recueillir quelques poignées de sel, alors taxé à l’image de la gabelle sous l’Ancien Régime. De quelques-uns au départ, ils seront plusieurs dizaines de milliers à l’arrivée. Cette Marche du sel sera le premier jalon vers l’indépendance du pays, obtenue en 1947.

 

Moyen de protestation non-violente

Largement inspiré par Gandhi et ses méthodes non-violentes, Martin Luther King utilisera également beaucoup la marche comme moyen de protestation, depuis le boycottage des bus à Montgomery, où la marche a été utilisée comme contestation d’une discrimination.

Marcher permet aussi de rallier les lieux où s’exerce le pouvoir, comme ce fut le cas lors de la Marche sur Washington en 1963 où la marche à pied a prouvé sa force médiatique, l’occupation de l’espace public faisant partie de la réussite de la mobilisation, tout autant que le célèbre discours I have a dream.

De Vintimille à Calais pour protester en faveur des migrants (© Séverine Daudé)

 

Jusqu’aux lieux de décision

Parties des lieux où s’exercent les discriminations pour aller jusqu’à Paris, c’est dans cette démarche d’un « témoignage porté » qu’ont été imaginées la Marche des Beurs à l’automne 1983 ou la Marche solidaire qui, du 30 avril au 8 juillet de cette année, rallie Vintimille à Calais et Douvres. Ce sont 1400 km, de la frontière italienne, symbolique du traitement infligé aux migrants qui tentent de la franchir, jusqu’aux lieux du pouvoir politique français, qui seront franchis par les centaines de marcheurs des différentes associations qui viennent en aide aux étrangers sur notre sol.

 

 

 

 

En savoir plus

 

 

Walking is also protesting

Marchers get together and occupy space, marching turns into commitment and protest.

In the marchers' body lies their strength and their defence. In 1930 Mahatma Gandhi left his ashram with a few disciples, they walked 386 km to the Indian Ocean to pick up handfuls of salt. The Salt March, gathering several thousands of followers, was the first step towards the country's independence in 1947.

Non-violent protests

Very much inspired by Gandhi's non-violent methods, Martin Luther King used marching as a way to protest. The 1963 March on Washington proved the success of the protest was due to its strength in the media and on the ground as much as to the famous speech I have a dream.

Marching to decision-making locations

Recalling the testimony brought by the Marche des Beurs (autumn 1983), the Marche Solidaire will link Vintimille to Calais and Douvres (April 30 to July 8 2018), bearing witness to the ill-treatment of the migrants trying to cross the Italian border, helped by various associations.

 

 

 

Sich engagieren : der Protestmarsch

Begegnung mit Anderen : der Marsch als Ort der Kundgebung und des Protests, Zeugnis seines Daseins.

Der Marschierer ist auf sich gestellt, sein Körper ist Kraft und Wehr. Beispiel ist Mahatma Gandhi, und sein 386 km-Marsch 1930 bis zum Indischen Ozean, um dort eine Handvoll Salz einzusammeln, dessen Besteuerung das Symbol der britischen Herrschaft war. Wenige am Anfang, sind es Zehntausende am Meer, der erste Schritt zur Unabhängigkeit des Landes 1947.

Gewaltfreier Protest

Von Gandhi inspiriert hat Martin Luther King den Marsch als Protestmittel benutzt, der Boykott der Busse in Montgomery denunzierte die Diskriminierung. Der Marsch auf Washington hat 1963 seine Medienwirkung bewiesen : das Besetzen des öffentlichen Raums trug ebenso zum Erfolg bei wie das berühmte « I have a dream ».

Bis zu den Orten der Entscheidung

Von Orten der Diskrimierung bis nach Paris, war das Motto des « Marche des Beurs » im Herbst 1983, während der « Solidaritätsmarsch », vom 30.4. bis zum 8.7.2018 in über 1400 km nicht nur Ventimiglia mit Calais und Dover verbindet, sondern auch diejenigen, die den Migranten helfen.

Gérald MACHABERT,
journal Réveil

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