L’Écriture seule ?

Liberté chrétienne et asservissement doctrinal

01 octobre 2017

Même si Luther replace la Bible au cœur de la vie du chrétien, lui permettant de la lire dans sa langue et d’y accéder sans restriction, pour l’ancien moine il n’y a qu’une seule autorité : le Christ ! Et la liberté de l’Esprit.

Au départ, le Sola Scriptura de Luther voulait rendre à l'Écriture sa force de témoin de la révélation de Dieu. Mais en se développant, le protestantisme n'a pas su éviter le piège d'une nouvelle fermeture du sens et d'un nouvel asservissement. Le biblicisme et le fondamentalisme dérivent tous deux du Sola Scriptura et mettent aujourd'hui en péril l’œuvre libératrice de Luther dans les Églises issues de la Réforme.


Le Sola Scriptura doit nous obliger à porter un regard sans cesse renouvelé sur les Écritures  

© Public Domain

Biblicisme

Le biblicisme et le littéralisme sont une seule et même attitude qui consiste à dire : « puisque c'est écrit, c'est vrai, et je dois l'appliquer dans ma vie ». L'erreur théologique de ce courant est d'objectiver et d'absolutiser le texte biblique. La révélation de Dieu, ce n'est plus « Jésus-Christ » comme pour Luther, mais l'Écriture elle-même. Si la vérité, c'est ce qui est écrit, alors il n'y a pas de distinction à faire entre « l'esprit et la lettre ». Il n'y a plus de distance avec le texte écrit qui permet l'interprétation. L'Écriture devient le substitut de la Loi : retour à la case-départ du légalisme. Fâcheux tout de même pour les héritiers de Paul et de Luther !

 

Fondamentalisme

Le fondamentalisme est un schéma d'interprétation de la Bible qui obéit à des points incontournables de doctrine, appelés « fondamentaux ». Parmi ceux-ci : la création, le péché, la chute, la rédemption, le salut, la perdition, la conversion. Il y a une vérité doctrinale qui ne peut être remise en cause, car elle est d'origine biblique, du moins en est-on persuadé. Elle n'est pas à réinventer à chaque génération. Elle doit rester la norme de toute interprétation. Réaction contre les excès du libéralisme théologique, le fondamentalisme fige le sens de l'Écriture pour en garder la maîtrise. L'histoire du salut, schématisée, rationalisée, sert de grille doctrinale. Celui qui possède la vérité doctrinale possède le salut. Véritable confiscation dogmatique de la vérité et instrumentalisation de l'Écriture au service d'un système religieux aux antipodes de la liberté selon l'Esprit et selon Luther !

 

 

 

Thierry ZIEGLER
pasteur à Valence et Saint-Péray

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