Burkina Faso

Les Églises en appellent à la communauté internationale

31 octobre 2019

Alors que le Burkina Faso connaît une recrudescence d’attaques terroristes, la Fédération des Églises et missions évangéliques (FEME) tire la sonnette d’alarme et réclame une aide urgente, tant humanitaire que militaire.

 1er octobre, la Fédération des Églises et missions évangéliques (FEME) du Burkina Faso a lancé un vibrant appel à la communauté internationale, par le biais d’une conférence de presse organisée à Paris par l’ONG Portes ouvertes, faisant état de la crise humanitaire sans précédent que traverse le pays, suite à l’intensification des attaques djihadistes dans le nord du pays.

 

Les chrétiens ont fui le nord du pays

Les attaques perpétrées par les groupes islamiques qui opèrent dans les régions nord du pays sont devenues quasiment quotidiennes. Tous les ingrédients d’une crise de grande ampleur sont réunis. Ce qui était hier un problème d’insurrection islamiste a fini par produire un problème humanitaire avec des milliers de déplacés, qu’il faut loger, nourrir, soigner, scolariser. Or le pays n’a ni les moyens ni les structures qu’il faut pour les accueillir.

Le nord du pays s’est vidé de sa population chrétienne. Depuis le début de l’année, des dizaines d’églises ont été attaquées, des responsables et un nombre indéterminé de fidèles tués. Les autres se sont vus obligés de quitter la zone. C’est une situation totalement nouvelle. Le Burkina a une longue tradition de tolérance, une culture d’acceptation de l’autre, où les gens ne s’identifient pas sur des bases religieuses, mais s’acceptent tels qu’ils sont.

 

Diviser des communautés unies

La stratégie de ces groupes armés est claire : ils cherchent à diviser des communautés qui ont toujours vécu ensemble, à créer un conflit identitaire. En ciblant les chrétiens, ils envoient un message, qui peut avoir un effet domino et enflammer les tensions identitaires. Il y a donc urgence à intervenir sur le plan humanitaire, mais aussi à vaincre militairement ces groupes armés, pour que les populations puissent à nouveau y vivre librement et en sécurité.

L’effondrement de la Libye, après la chute de Khadafi, en 2011, a fait de ce territoire une sorte de refuge pour les groupes terroristes, mais également un supermarché d’armement de tout calibre, qui sont tombés entre les mains de groupes armés et de trafiquants. Du coup, un trafic organisé s’est établi et a approvisionné tous les groupes armés qui opéraient dans la zone sahélo-saharienne et ont alimenté des conflits en Centrafrique, au Tchad ou encore au Soudan. C’est comme si la communauté internationale ne mesurait pas encore l’ampleur de la situation.

Des funérailles chrétiennes à Dablo, dans le nord du pays, en mai dernier

(© Portes ouvertes)

 

Des effondrements en domino

Jusqu’à une date récente, 2014, le Burkina était considéré comme un pays sûr. En 2014, avec la chute du président, son départ du pouvoir a créé un vide et c’est cela qui a précipité l’émergence de ces groupes. Quand il était au pouvoir, il avait des contacts avec ces groupes armés et il y avait une sorte de pacte de non-agression. La dissolution de la garde présidentielle, qui assurait une certaine stabilité, a aussi contribué à l’affaiblissement de l’armée, qui a du mal aujourd’hui à faire face à cette poussée islamiste au nord du pays.

Comme toujours, quand il s’agit de l’Afrique ou des pays du sud, c’est le fameux « un poids deux mesures ». Cette situation n’intéresse pas grand monde.

Anne-Sylvie Sprenger
Protestinter

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