Le tronc - n° spécial

Le Christ, Parole de Dieu

31 mars 2018

Jean Alexandre nous explique ici comment le réformateur lit l’ensemble des Écritures à partir de son expérience de la bonne nouvelle du Salut en Jésus-Christ. Ce principe d’interprétation sera pour lui la norme de tout.

Ce qui amène Luther à afficher ses quatre-vingt-quinze thèses est une expérience spirituelle fondatrice : la foi absolue dans son salut, acquis par avance, reçu par grâce une fois pour toutes par le Christ à Golgotha. Un salut sur lequel il s’agit de se fonder pour vivre. C’est le principe de la justification par la foi, en dehors des œuvres mais en vertu de la grâce divine manifestée en Jésus-Christ, affirmation centrale des Églises de la Réforme.

L’expérience de la foi

C’est grâce aux Écritures et aux liens nombreux qui l’ont uni à elles, que Luther a fait cette expérience. C’est en elle qu’il a trouvé et trouvera sans cesse, cette vérité. Mais pour lui, c’est cette expérience qui commande les Écritures, elles ne s’éclairent et ne font loi que lorsqu’on les aborde dans cette relation à la fois pratique et existentielle : il y a d’abord le fondement de tout, cette bonne nouvelle du Salut, l’Évangile. Il y a ensuite le croyant, qui se fonde – c’est la foi – sur cette assurance. Il y a enfin les textes, qui ne prennent sens pour le croyant qu’à partir de l’Évangile. C’est alors qu’ils deviennent une parole de Dieu qui enseigne, réconforte et édifie.
Ce qui se joue là, c’est la juste relation entre Dieu et le croyant, relation d’amour sans calcul. Car le croyant n’a rien à gagner ni à perdre, tout lui est acquis. Il ne lui reste qu’à s’ouvrir à Dieu, ce que la lecture et la prédication des Écritures vont l’aider à découvrir et mettre en pratique.

Un principe d’interprétation

Il y a donc pour Luther un principe d’interprétation de la Bible, qui affirme qu’ont seuls autorité les écrits qui annoncent ou transmettent le Christ, ou qui conduisent à lui. C’est si vrai qu’il établit des hiérarchies au sein des Écritures. Par exemple, il voit dans l’Évangile selon Jean celui qui place le plus clairement le Christ et la Croix au centre de toute compréhension biblique : il fait comprendre en effet que la véritable Parole de Dieu est le Christ lui-même, non l’Écriture sainte. En revanche, il méprise l’Épître de Jacques, trop axée à ses yeux sur les œuvres du croyant. Ainsi, si Luther appelle couramment la Bible Parole de Dieu, elle ne l’est pour lui que lue au travers du Christ. Il n’est pas littéraliste. Bien des protestants d’aujourd’hui devraient s’en souvenir…
Ceci posé, il n’y a rien à ajouter aux Écritures concernant le Salut. Le fameux mot d’ordre Sola Scriptura (par la seule Écriture) signifie pour Luther que l’inspiration première a cessé de s’exprimer une fois le texte biblique établi. L’Église n’en est pas maîtresse, le témoignage rendu au Christ sauveur se trouve et fait autorité dans ces Écritures ainsi ménagées une fois pour toutes par l’Esprit saint… lorsqu’elles sont reçues dans la foi. Ainsi, si l’Esprit agit, c’est sur la personne du croyant ou sur les assemblées priantes qui s’en remettent à lui quant à la compréhension et à la réception des textes.
En résumé, pour Luther, c’est Pâques qui commande la Bible, et c’est la Bible qui annonce et commente Pâques.

Jean Alexandre

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