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La Sainte-Cène

05 décembre 2017

Une des différences principales entre catholiques et protestants réside dans ce que les uns nomment « l’eucharistie » et ce que les autres appellent « la sainte-cène ou cène ». Les protestants eux-mêmes se disputent sur le sens de ce moment du culte. Est-ce un repas comme les autres ? Un symbole ? Un rite ? Un sacrement ?

Bien qu'appelé certaines fois le repas du Seigneur, ce n'est pas un repas comme les autres. Ce n'est pas un pique-nique non plus. C'est ce qu'on appelle un sacrement et c'est l'un des deux sacrements (seulement) des protestants. Un sacrement : c'est à dire un geste institué par le Christ lui-même et accompagné d'une parole lui donnant toute sa signification. « Ceci est mon corps » en parlant du pain et « ceci est mon sang » en parlant du vin, avant de le donner ou de la partager. Une des difficultés est que les textes nous rapportant ce dernier repas de Jésus avec ses disciples ne sont pas identiques. Outre la richesse due à cette diversité, il faut jongler avec les aspérités : seuls deux des 4 textes nous demandent de le reproduire : « faites ceci en mémoire de moi ». Et pourtant, presque tous les chrétiens (sauf les Quakers et les Salutistes) reproduisent ce geste. Ils avaient vraisemblablement même commencé à le faire avant que cela soit écrit dans les évangiles et dans la Première Épître de Paul aux Corinthiens : ces récits reprenant des traditions liturgiques déjà éprouvées.

La cène protestante est pris avec du pain et du

vin ou autres aliments@Pixabay

Pain de vie

D'autre part, on a coutume de dire que l'évangéliste Jean ne parle pas du tout de la cène et que lors de ce dernier soir, il la remplace par le lavement des pieds. Mais c'est sans compter avec le chapitre 6 de cet évangile dans lequel Jésus se présente comme étant le pain de vie. Jean y tient des propos équivalent à ceux que nous connaissons et utilisons pour l'institution de la sainte-cène. Jean Calvin disait que les sacrements étaient des « béquilles » pour la foi. Ainsi, pour lui, et pour de très nombreux croyants après lui, la sainte-cène, notamment, est un rite pédagogique qui permet de découvrir voire d'expérimenter que Jésus Christ est le Seigneur. La répétition de ce rite soutient la foi. Bien sûr, il y a des questions qui ne cessent d'être débattues autour de la « présence » réelle, symbolique, spirituelle de Jésus dans ce repas. Mais la question fondamentale, pour moi, me semble ailleurs : la célébration de la cène nous aide-t-elle à vivre entre nous et au-delà de notre cercle la fraternité voulue par le Christ ? La célébration de la cène nous fait-elle comprendre, comme le lavement des pieds, qu'il nous faut être au service de nos frères et de nos sœurs et de Dieu ? Je nous laisse avec ces questions.

En savoir plus

Je me demande…

Je me demande … si on peut célébrer la cène avec autre chose que du pain et du vin.

Oui c'est tout à fait possible dans la mesure où les protestants ne sont pas attachés à la substance des signes que sont le pain et le vin. Ainsi, on peut utiliser toutes sortes de céréales à la place du blé qui nous sert traditionnellement à faire le pain, mais on peut aussi, comme dans le pacifique, recourir à de la noix de coco. Quant au vin, il peut être remplacé par du jus de raisin ou du lait de coco.

Je me demande … s’il est absolument nécessaire de reconnaître Jésus comme le Seigneur pour participer à la cène.

À première vue, on pourrait penser qu'il n'est pas possible de faire autrement. Cependant, comme je le disais ci-dessus la cène peut permettre de découvrir, en communiant, cette Seigneurie du Christ. C'est dans l'expérience du partage de ce repas qu'il est rendu possible de confesser un jour le Christ.

 

Laurent Marty,
Pasteur en Ariège II et chargé de mission en catéchèse.

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