Société

L’hommage national des morts de la rue du 21 mars

01 mai 2017

Le mythe du SDF qui meurt de froid aux premiers frimas de l’hiver est encore très vivace dans l’imaginaire populaire, et entretenu par les médias. En effet, la première nuit froide de l’hiver provoque sans faute des appels de journalistes au Collectif les Morts de la Rue, à la recherche du « premier mort de froid ».

On meurt dans la rue…

Les questions se posent donc : meurt-on davantage l’hiver que l’été quand on est à la rue ? Pour les décès hivernaux, quelle est la proportion de décès liés au froid ? Meurt-on davantage l’hiver que l’été quand on est à la rue ?

Définissons d’abord l’hiver : la saison se situe certes entre le 21 décembre et le 21 mars, mais la réalité de l’hiver à la rue se caractérise par la trêve hivernale du 1er novembre au 31 mars, pendant laquelle les expulsions sont proscrites. Les analyses ont donc porté sur cette période de cinq mois. Dans la population générale, il existe une différence du nombre de décès entre la période hivernale et la période estivale, avec un excès de décès de 15 % l’hiver pour les années 2012-2015. Cette différence est attribuée aux épidémies hivernales (grippe entre autres), et à la fragilité générale d’une population vieillissante. L’hiver 2015 a ainsi vu un bond de 19 % des décès en période hivernale, avec 8 500 décès supplémentaires dus à l’épidémie de grippe. Qu’en est-il pour les morts de la rue ?

… comme les autres

Ceux-ci semblent suivre la même tendance que la population générale, avec davantage de décès en hiver qu’en été. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les causes de décès ne sont pas les mêmes pour la population générale que pour la population SDF, même en hiver. À titre d’information, les hypothermies représentent cinq décès en 2015 soit moins de 1 %, et les incendies hivernaux liés aux besoins de chauffage des locaux désaffectés ou des véhicules représentent quatre décès, là encore moins de 1 %. Le froid accentue la fragilité des personnes vulnérables (personnes âgées, malades, enfants), qu’elles soient hébergées ou sans domicile, c’est un facteur de risque naturel de décès. Mais le fait que certaines personnes soient sans domicile est un facteur social de risque accru de décès. Ce statut « sans domicile » peut être traité par des politiques publiques, alors que le froid hivernal est immuable, ce qui pousse à l’inaction.
Extraits du rapport du Collectif les morts de la rue

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