Lieux de paix (10)

L’enfer, c’est les autres… ou pas?!

31 octobre 2018

Préférer les lieux de retraite ou les lieux-carrefours ? Parfois, la ville et la foule - là où « les autres » sont incontournables - permettent d'enrichir la prière et d'aller plus loin.

Le bruit, la foule ont été mon environnement durant de nombreuses années. Le silence n’y avait pas sa place. Je me souviens d’une visite de la faculté de théologie d’Aix-en-Provence, lors de mes études, qui a viré à l’angoisse, car les lieux étaient bien trop silencieux.

 

J’ai tenté par la suite de me laisser apprivoiser par ce silence qui, me disait-on, permet le ressourcement, la méditation, la prière. En vain ! Ce n’est pas dans mon tempérament ! Je ne suis dans mon élément qu’au milieu du bruit et des gens. Il faut se faire une raison, je ne serai jamais ermite au désert !

 

Je ne peux me ressourcer, méditer, prier qu’à proximité de mes contemporains, parce qu’ils m’inspirent, parce qu’ils m’interrogent, tout simplement parce que j’ai besoin d’eux pour être, pour vivre, pour grandir… même si parfois ils m’agacent !

 

Un célèbre écrivain affirmait dans une de ses œuvres : « l’enfer, c’est les autres ! » Ça peut l’être si nous les considérons comme des ennemis, des rivaux, des extérieurs desquels nos vies dépendent totalement, des juges impitoyables de nos actes, de nos paroles… Mais si nous les accueillons comme des frères et des sœurs, les rapports changent. Je suis curieuse des autres et essaie de découvrir qui ils sont derrière l’apparence qu’ils nous laissent voir, mais il faut du temps pour cela… et parfois, comme tout le monde, je juge à l’emporte-pièce !

 

J’aime me ressourcer au contact de ces autres qui ouvrent non pas à l’enfer, mais à la paix, à la joie. On m’avait dit : tu devrais faire de la course à pied, ça ressource… mais courir, c’est souvent être seul, car difficile de se caler sur le rythme d’un autre sans s’épuiser prématurément. C’est donc auprès de coéquipiers que je me ressource et que je retrouve des forces. Rien de mieux qu’un entraînement de volley après une séance mouvementée d’école biblique. Rien de mieux qu’un match de hockey avant un culte pour se libérer de toutes les tensions et arriver détendue auprès des paroissiens !

 

J’aime méditer au contact d’autres, car ils ouvrent mon horizon borné par mon histoire personnelle. Ils ouvrent des possibles, ils me bousculent, ils me déstabilisent, me font sortir de ma zone de confort. Ce n’est pas agréable sur le coup, mais quel bénéfice personnel ! Méditer le texte biblique seul est une chose, mais ouvrir la méditation aux voix des autres est une richesse inestimable !

 

J’aime prier au cœur de la ville, pas à haute voix, les mains en l’air, mais inspirée par tous ces chemins de vie croisés. J’ai beaucoup de mal à prier enfermée dans ma chambre comme le préconise Jésus… Le comble : le dimanche matin, je suis devant tout le monde pour prier à voix haute…

 

Par contre, même si l’enfer, ce n’est pas les autres, parfois, les relations humaines épuisent. Alors le soir, c’est boules Quiès : circulez, il n’y a plus personne…

(© Pixabay)

 

 

Nicole ROULLAND-RUPP,
pasteure en Savoie

Commentaires