Histoire et art

Jeanne Lombard a peint le Désert

28 août 2018

En ce début de mois de septembre, le Musée du Désert met les femmes à l’honneur avec son thème « Femmes du Désert ». La tradition protestante a nommé Désert – en référence au peuple hébreu errant dans les sables après la sortie d’Égypte – la période qui a commencé avec la révocation de l’édit de Nantes et a pris fin avec l’édit de Tolérance ou la Révolution.

 

En ce début de mois de septembre, le Musée du Désert met les femmes à l’honneur avec son thème « Femmes du Désert ». La tradition protestante a nommé Désert – en référence au peuple hébreu errant dans les sables après la sortie d’Égypte – la période qui a commencé avec la révocation de l’édit de Nantes et a pris fin avec l’édit de Tolérance ou la Révolution. Pour le peuple protestant de France, une période de persécution, de dispersion, d’exil, de clandestinité forcée, de difficultés d’organisation et de formation, d’incertitude identitaire et théologique peut-être aussi. Mais derrière la silhouette de Marie Durand, qui préféra rester enfermée durant 38 ans plutôt que de renoncer publiquement à sa foi, et d’autres images de ces temps douloureux que bien des protestants français ont longtemps gardé dans la tête, se profile une autre femme, restée méconnue : Jeanne Lombard, peintre et sculptrice (1865-1945), Cévenole et Vaudoise d’origine, Suissesse de naissance. Dans la dernière partie de sa vie, elle a donné visage aux prisonnières de la tour de Constance – dont la tenace Ardéchoise –, aux fidèles réunis en assemblée clandestine, aux familles menacées célébrant secrètement un baptême… (Un autre artiste protestant de la même époque, Michel Maximilien Leenhardt, créa aussi autour de ces motifs). Elle fut une artiste à la fibre à la fois sociale et spirituelle, puisqu’elle était par ailleurs engagée auprès des femmes détenues et dans la lutte contre l’alcoolisme. Elle a cofondé la section neuchâteloise de la Société suisse des femmes peintres et sculpteurs. Dans son art, elle avait choisi de représenter l’intériorité de la foi et de la prière, seules armes face au déchaînement des violences. De quoi nous parler aujourd’hui encore.

Lombard a imaginé la vie dans la tour de Constance… (© Wikimedia Commons)

 

Séverine DAUDÉ,
journal Échanges

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