Évangélisation

Être une Église de témoins

01 octobre 2018

Une formation sur le témoignage, Église de témoins, était proposée à Orléans. Corinne Bitaud, ancienne responsable scoute, a été formatrice de ce parcours qui s’est déroulé en six étapes de janvier à juin.

Comment est né le projet d’offrir aux Églises locales une formation sur le témoignage et pourquoi vous y êtes-vous engagée ?

Corinne Bitaud : Le pasteur Christian Tanon réfléchissait au témoignage individuel de la foi dans l’Église locale et avec Andy Bukler, membre également de cette commission, ils ont voulu donner des outils aux communautés pour qu’elles y réfléchissent par elles-mêmes. J’ai accepté de réfléchir à ce projet avec eux à la fois par désir et en raison de mes compétences. À nous trois, nous avons conçu les six modules puis nous les avons testés dans une communauté.     
Dîner partagé pour débuter la formation avec Corinne Bitaud, de face sur la photo © Anne Mellini

L’année suivante, nous avons agi en binômes en y incluant le pasteur de la paroisse avec l’espoir que celui-ci fasse le relais de cette formation dans d’autres paroisses.

À quoi encourage cette formation ?

C. B. : Elle encourage chaque paroisse à prendre sa place dans le projet d’évangélisation de l’Église et chaque paroissien à ne pas être consommateur mais à se considérer comme légitime pour dire ce qu’il peut faire à son niveau.
Cette formation a été expérimentée à l’Église de Créteil. Le résultat fut que des nouveaux paroissiens et des personnes ont été attirés par notre dynamique. Elle encourage à sortir de l’entre-soi du Conseil presbytéral et à mettre en route des personnes reconnues dans leur capacité. Nous avons été appelés à vivre l’agapé, action la plus simple et la plus difficile qui soit. Aimer son prochain n’est pas forcément être ami avec celui-ci mais le considérer comme frère ou sœur et chercher à mieux le connaître. C’est une première étape qui favorise le vivre ensemble.

Échos de Marie-Laure Guttinger sur la formation Église de témoins à Orléans

Ce parcours s’inspire de l’expérience des premières communautés chrétiennes dans le livre des Actes et c’est cela qui m’a parlé. Leur expérience m’est apparue alors réalisable pour nous aujourd’hui. Se confronter à la réalité des personnes, des institutions. S’ouvrir sur les potentiels et ne pas s’appesantir sur les lourdeurs institutionnelles, être mus par une espérance que Dieu lui-même ancre en nous, comme si cette énergie de chacun n’attendait qu’à se déployer dans des actions différentes et sans jugement autre que la certitude que Dieu nous y accompagne, car il nous veut ses témoins dans le monde.
Ce qui m’a plu aussi, c’est la dynamique induite entre nous grâce à une animation très réfléchie en amont par Corinne et Agnès. Nous avons chanté, prié et travaillé par petits groupes de deux, trois, quatre, et par grand groupe. Nous avons fait des jeux de rôles, débattu de questions qui se posent pour chacun mais que personne n’ose aborder parce qu’il n’y a pas de lieu qui donne la parole à qui veut la prendre sur des thèmes comme trouver sa place dans la communauté, ou sa capacité à lâcher prise pour se laisser porter par l’Esprit saint.
Ce qui m’a plu, c’est ce constant va-et-vient entre l’Écriture et soi-même dans l’annonce de l’Évangile car en fin de compte, si la prise de conscience de la nécessité de témoigner de la bonne nouvelle ne commence pas par soi-même, comment rendre cette bonne nouvelle crédible et désirable ?
Oui, évangéliser est essentiel. C’est la priorité que devrait avoir l’Église car nécessairement cela oblige à nous centrer sur le message que Christ nous demande de vivre et de transmettre, et, alors, nos peurs et notre individualisme disparaissent face à cet enjeu phénoménal.

Propos recueillis par Marie-Laure Guttinger

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