Cap au large

En route vers l’Allemagne : Ludwigshafen

01 octobre 2018

Dans le cadre des festivités liées au 55e anniversaire du jumelage des villes de Lorient et Ludwigshafen en Allemagne, en juin dernier, l’Église protestante unie de Lorient a été invitée par la mairie de Lorient à se joindre à la délégation officielle avec d’autres association. Un groupe d’une dizaine de personnes de la paroisse dont le pasteur Hervé Stücker ont donc fait route vers Ludwigshafen.

La paroisse de Lorient entretient des liens d’amitié depuis 1963 avec la paroisse protestante de la Pfingweide de Ludwigshafen. L’invitation par la municipalité à se joindre à la délégation a été particulièrement appréciée car il n’est pas fréquent qu’une municipalité française intègre une association cultuelle locale dans ce genre de manifestation, même si la paroisse de Lorient a toujours informé la municipalité, par l’intermédiaire de son pasteur et des membres du Conseil presbytéral, des bonnes relations et des visites fréquentes que les deux paroisses se rendent, notamment par l’organisation lors de ces visites, de conférences ou de débats sur des sujets importants et divers, comme la réconciliation franco-allemande, l’organisation des Églises protestantes allemande et française et d’autres sujets de société.

Une ouverture garante de la paix

Le programme des mairies prévoyait des manifestations officielles sur trois jours où toutes les villes jumelées avec Ludwigshafen étaient représentées et notamment Pasadena (Californie) et Anvers (Belgique). Nos amis de la paroisse allemande nous avaient également concocté un programme privé afin de prolonger nos rencontres.
Pour être tout à fait francs, nous avions un peu d’appréhension sur la longueur des cérémonies et surtout sur le fait que tous les discours étaient faits en trois langues : allemand, anglais et français. Mais la qualité des discours des maires des trois principales villes, qui ont mis en valeur l’importance du jumelage des villes et des populations pour l’ouverture des peuples vers les autres, a été propice à une réflexion générale des auditeurs et ont mis un état d’esprit fraternel et joyeux parmi tous les membres des délégations présents. Ils ont souligné la paix que garantissait cette ouverture, et les relations amicales dans les temps incertains que nous vivons en Europe et dans le reste du monde où les nationalismes et les populismes favorisent le repli sur soi et la défiance envers les autres. Nous n’avons pu nous empêcher de penser que l’ombre du président des États-Unis et des premiers ministres hongrois et polonais planaient sur cet auditoire en fraternité et totalement opposé à leur positionnement.
Cette première journée a été clôturée par une promenade en bateau sur le Rhin où nous avons pu voir de près les infrastructures portuaires fluviale liées à l’activité commerciale de la BASF, immense usine chimique installée au cœur de la ville.

Une union luthéro-réformée de 200 ans

Les cinq maires des villes jumelées arpès la plantation des arbres
© Jean-Pierre Etchverry
   

Lors de la deuxième journée, nous avons animé, avec nos amis allemands, leur stand dressé à proximité de la Rheingallerie et dédié à exposer, par des photos et des témoignages, les relations de nos deux paroisses depuis 1963. Sur la scène dressée sur la place, des artistes et des groupes folkloriques des différentes villes du jumelage se sont produits. La soirée s’est terminée par la plantation d’un arbre pour chaque ville jumelée, le long du Rhin, cette opération étant assurée par les maires et les collaborateurs municipaux des villes.

La célébration œcuménique du dimanche était trilingue dans le temple de l’Église « apostelkirche » de Ludwigshafen, avec une prédication d’Hervé Stücker. Ce culte a été suivi d’un repas fraternel offert par la mairie locale à toutes les délégations.

Le lendemain, nous avons débuté notre séjour privé par la visite du château de Heidelberg et de la très belle ville d’Heidelberg traversée par le Neckar affluent du Rhin. 
Ce château magnifique était la propriété des électeurs palatins dont une des princesses, Élisabeth Charlotte de Bavière, plus connue en France sous le nom de « princesse palatine », a épousé le duc d’Orléans, frère de Louis XIV, qui a laissé un trés mauvais souvenir dans la région en organisant la mise à sac du Palatinat et la destruction d’une partie du château.

 
Le château d'Heildelberg surplombant le Neckar, un affluent du Rhin © Élisabeth Renaud
Le mardi, nous avons pris la route de Kaiserslautern pour visiter l’église Stitskirche qui symbolise l’union des Églises luthérienne et calviniste en Allemagne, immortalisée par une sculpture monumentale représentant principalement, Martin Luther, Jean Calvin, Melanchthon, et Zwingli. La réunion des Églises a eu lieu en 1818 soit 200 ans environ avant celle des Églises françaises.

Une fête revendicatrice

Puis nous avons fait route vers Neustadt pour visiter le château d’Hambach qui est le symbole pour les Allemands d’une demande de démocratie du peuple allemand face aux princes qui les gouvernaient.
En 1832, les ruines du château sont le théâtre de protestations des démocrates et nationalistes allemands. Pendant quatre jours, 30 000 d’entre eux réclament l’unification de l’Allemagne et plus de liberté.

 
Sculpture symbolisant l'union des Églises protesantes allemandes
© Jean-Pierre Etcheverry

Une fête a lieu à cet endroit à cause des mesures de répressions prises par l’administration bavaroise dans le Palatinat. Elle voulait en effet reprendre les acquis apportés par l’occupation française de Napoléon. Après l’introduction d’une censure stricte et l’interdiction de manifestation politique par les autorités bavaroises, la « fête populaire » de Hambach est organisée.

Le dernier dîner accompagné de chants franco-allemands
© Jean-Pierre Etcheverry
  Pour notre dernière soirée, nous avons eu un dîner d’adieux pris dans la salle paroissiale où nous avons pu célébrer notre amitié par des chants allemands et français. L’ambiance a été légèrement gâchée par l’élimination prématurée de l’équipe de football d’Allemagne en coupe du monde… !
Ce voyage a été l’occasion une fois de plus de constater l’importance des bonnes relations que doivent avoir les peuples, relations qui ne peuvent s’épanouir que par la connaissance des uns et des autres, le respect des cultures et des modes de vie de chacun et surtout la confiance et l’espoir que l’on doit conserver dans l’Union européenne qui doit demeurer la garante de cette union et nous protéger des dérives démocratiques de certains pays. 

 

Jean pierre Etcheverry

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