À la rencontre de

Élisabeth Marchand

01 décembre 2017

Depuis qu’Élisabeth Marchand est arrivée à Lezay, il y a deux ans, quittant le Défap et suivant son mari, jeune diplômé en théologie et futur pasteur du lieu, elle est à la recherche de son futur emploi. Après une pause et une petite troisième, elle est prête pour une nouvelle aventure.

D’abord, observer les acteurs du lieu. Il y a un territoire. Venant de Paris, on voit les choses de manière différente. Et il y a les gens, consommateurs de fruits et légumes, des maraîchers, des acteurs du monde associatif, un moulin, les sœurs bénédictines de Prailles, des élus. Ensuite, accrocher tous ces atomes en insufflant du sens.

Provoquer les rencontres

Faire se rencontrer une famille, qui a l’habitude de faire ses courses à Auchan en vitesse après une dure journée de boulot, et un jeune à la recherche d’une demande pour sa production maraîchère. Faire se rencontrer des agriculteurs, en situation précaire car cultivant sur une surface trop petite des produits forcément bio, et une entreprise d’insertion voulant se débarrasser d’une activité de maraîchage non rentable. Faire se rencontrer des religieuses à la recherche de produits de qualité et une jeune femme demandeuse d’emploi touche à tout et pleine d’idées ayant le souci du collectif et cherchant à mettre tout un territoire en mouvement.

C’est comme cela que des jeunes maraîchers s’installent et décident de travailler ensemble en mettant en commun des moyens. Du coup, des familles s’associent pour un jardin partagé, avec le savoir-faire de jardiniers expérimentés et les bras courageux de gens qui n’y connaissent rien mais qui veulent être sûrs de ce qu’ils mangent. Je n’ai pas la main verte mais j’aime bien enlever les gourmands des pieds de tomate dont je vais faire plus tard une bonne salade que je mangerai avec ma famille et mes amis, souligne Élisabeth. Et germe l’idée d’un autre mode de distribution de produits maraîchers, reprenant le concept de « paniers » commandés sur internet et livrés à deux pas de chez soi dans un café, une épicerie solidaire ou une boulangerie, où l’on peut aussi parler de la pluie et du beau temps.

 
© Laura Casorio

Et donner du sens à la vie

Pour en arriver là, il fallait bien sûr un terrain labouré et riche en bons éléments organiques. Élisabeth a vécu une enfance à la campagne à quelques encablures de Strasbourg, suivi des études au Gymnase Jean Sturm puis au lycée international de Strasbourg (en seconde, il y avait treize nationalités dans sa classe). Puis des études universitaires avec comme constante : les langues, l’informatique, la solidarité, l’ouverture au monde, en particulier à l’Institut des hautes études européennes (IHEE), à Lille et à Paris I. 

© Élisabeth Marchand
   Un CV complété par un passage dans une association de soutien aux Tibétains, petite structure où il fallait savoir tout faire, et neuf ans au Service protestant de mission-Défap où elle avait plus particulièrement en charge les envoyés et des « responsabilités pays » comme Haïti, avant et après le tremblement de terre.
De son large sourire de maman comblée, elle nous dit son plaisir de vivre dans une petite ville comme Lezay, sa passion de la gestion d’un projet où des gens apparemment sans importance se retrouvent pour imaginer une vie meilleure ensemble, sa certitude à la suite de Pierre Rabhi, paysan et pionnier de l’agriculture écologique en France, que le consommer mieux dans le cadre d’un projet écologique et solidaire donne du sens à la vie. Mes motivations ? Actionner des leviers, trouver les effets multiplicateurs, révéler la spiritualité dans le concret des jours. L’association est créée, son activité démarre en juin prochain. 

 

Stéphane Griffiths

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