Diacre

Claude Albano

01 mai 2018

Il est des rencontres qui vous bouleversent. Claude Albano ne peut laisser indifférent. Une foi chevillée au corps, une bienveillance à toute épreuve. Son poste de diacre, il le vit avec humilité, mais aussi avec une profonde conviction. Une initiative paroissiale à découvrir.

Un diacre ? Pour certains, ce mot ferait plutôt penser au passé de notre bonne vieille Église réformée et de ses œuvres de charité du XIXe siècle. Pour d’autres, il serait une référence à l’Église catholique et à ses diacres ordonnés en vue de devenir prêtre ou à ces hommes travaillant dans la vie civile, mais qui ont en parallèle un engagement religieux.

Et si finalement Claude Albano était un peu tout cela ?

L’Église protestante unie de Sète et du Bassin de Thau a décidé de franchir ce cap. Discerner pour son service un diacre. Ce sont le pasteur Pierre-Antoine Farigoule et Nicolas Westphal, alors secrétaire du conseil presbytéral, qui ont établi un cahier des charges. Le diacre ne vient pas remplacer le pasteur, il est là pour l’accompagner, le seconder.

Claude Albano (© Nicolas Boutié)

 

Un cadre officiel

Le conseil presbytéral voulait axer sa mission sur la visite. Il fallait donc libérer du temps pour le pasteur tout en ayant un regard particulier sur la communauté. Le cahier des charges confié à Claude Albano consiste donc principalement dans la veille et l’attention portée à la communauté. Anticiper une souffrance, prévenir d’une absence prolongée aux cultes et ainsi faire des visites si nécessaire. Mais son rôle de diacre est aussi d’assurer de temps en temps des cultes, de célébrer baptêmes et mariages, de présider aux inhumations et accompagner les familles endeuillées. Lorsque les personnes ne peuvent plus se déplacer, Claude propose des cultes de maison. Toujours pour veiller à ce chaque membre de l’Église soit toujours en lien avec la paroisse. Lors de cette année de vacance pastorale, le rôle du diacre est de maintenir la vie cultuelle de la paroisse.

Ce cahier des charges est plus vaste encore, puisqu’il est demandé à Claude de faire le lien avec les Églises évangéliques locales, en particulier avec l’Église évangélique libre avec laquelle les liens fraternels sont de plus en plus forts.

Ce poste de diacre a été reconnu officiellement par le Conseil régional de l’Église protestante unie en Cévennes–Languedoc-Roussillon. Cela fait douze ans que Claude Albano est diacre à Sète. Il est heureux dans son ministère. Les différents pasteurs ont entretenu avec lui de très fortes relations, en particulier Éva Nocquet et sa famille. Un travail ensemble, pour la plus grande gloire de Dieu.

Le professeur de karaté (ici à gauche) (© DR)

Comment devient-on diacre ?

Claude Albano est un homme empli de spiritualité, de générosité, de foi. Il est originaire des Cévennes, d’Aumessas où il a grandi auprès de ses grands-parents. Il garde un lien très fort avec ces lieux d’enfance. Et c’est avec beaucoup d’émotion qu’il est revenu prêcher dans sa paroisse de baptême presque 70 ans plus tard.

Mais entre son enfance et son poste de diacre, il y a toute une vie de spiritualité. Claude est passionné par le karaté. Il en fait son travail en devenant professeur de cet art martial qui le pousse dans ses limites physiques et mentales au cours d’entraînements extrêmement rigoureux. Pour parfaire sa technique, il part au Japon à la rencontre de grands maîtres. Il découvre le bouddhisme zen, approche le shintoïsme et pratique des disciplines ésotériques. Claude est en quête, comme il le dit lui-même « Je suis allé de recherche en recherche jusqu’au bout de mes ongles, mais je n’arrivais pas au bout de mon cœur ».

Il ressent un vide. Le karaté-do (la voie de la main vide) lui a appris le dépouillement, l’humilité, la droiture, la rigueur et l’effort. « La pratique de cet exercice a éveillé en moi la certitude de ma faiblesse, ma foi, et l’incontestable de mon extrême fragilité ». Claude est un homme apaisé à l’écoute des autres et peut-être que cela lui vient de cette expérience de la présence de Dieu.

 

L’amour infini de Dieu

Claude a vécu une expérience inoubliable, une rencontre qui va bouleverser sa vie et le transformer. Il faut ici s’effacer et lui laisser la parole pour raconter ce qu’il a vécu et ressenti. « J’ai vécu une nuit de feu et de pleurs, une nuit de retour vers Dieu, en Jésus par son Esprit. Dieu consumait mes scories, Dieu m’épurait. Dieu s’invitait dans mon existence. Au petit matin je n’étais plus le même homme, j’avais rencontré mon sauveur. Depuis j’ai été visité de nombreuses fois, et je savais que c’était lui qui me fortifiait, me construisait. Une relation de cœur à cœur s’instaurait, un amour infini qui ne peut se décrire, me transformait. »

En croisant sa vie consacrée au karaté et sa rencontre avec Dieu, Claude a trouvé une nouvelle façon de combattre : la prière. Mais surtout il ne combat plus seul, il est accompagné. Il raconte en souriant que s’il ne porte pas le kimono dans son chemin de foi, il lui arrive, en kimono, d’annoncer la Parole de Dieu. Claude se défend d’être un prosélyte. Il témoigne juste de ce qu’il vit au quotidien.

 

L’homme du Merci

Claude est un personnage plein d’attention pour son prochain. Il n’oublie jamais de remercier Dieu pour tout ce qu’il lui apporte et il remercie aussi tous ceux qui l’entourent. Que ce soit le conseil presbytéral et son président ou encore le pasteur Jacques Echeynne qui anime au temple de Sète un groupe de chrétiens en marche.

Son plus grand désir serait que l’exemple de son poste soit retenu par notre Église et que soit inscrit dans la constitution la reconnaissance de ce ministère de diacre.

 

 

 

 

En savoir plus

Repère

Voici la définition du Petit Robert pour diacre (du grec diakonos, serviteur) : dans l’Église primitive, titre donné aux fidèles chargés de la distribution des aumônes. Il est responsable de certaines activités de l’Église. Cette seconde définition est tirée de wikipédia. Une prémonition pour l’Église protestante unie de France… Les Églises protestantes connaissent le ministère de diacre, chargé de l’assistance aux pauvres. Ce ministère s’exerce soit à travers des « institutions ou œuvres protestantes », indépendantes des structures ecclésiastiques stricto sensu, soit dans le cadre de diaconats paroissiaux.

Un ministère de diacre paroissial peut également s’exercer à l’égard de certaines parties de la population paroissiale (jeunesse, par exemple), à côté du ministère pastoral plus généraliste.

Nicolas BOUTIÉ,
journal Le Cep

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