Christianisme et autres spiritualités, un regard différent...
« Le Seigneur est ma force et ma louange, il est mon libérateur. » (Exode 15.1-21) Il y a sept ans déjà, ce cri de louange avait été choisi par les chrétiens des Caraïbes pour guider la Semaine pour l’unité. J’avais beaucoup apprécié le choix de cette exclamation, joyeuse et confiante, tirée du « Cantique de la mer », et chantée par les Hébreux lorsqu’ils échappèrent à l’esclavage et traversèrent le chaos à pieds secs ; une façon imagée de dire que toute la négativité qui les aliénait y avait été engloutie.
Cette louange, souvent attribuée à la prophétesse Myriam, sœur d’Aaron et de Moïse a, selon la tradition, été reprise par l’ensemble de la population. Cette insistance met en évidence le fait que lorsque l’on unit ses forces vers un but commun – davantage de justice, de paix et d’amour – cela ne peut-être que positif.
Il y a dans cette histoire, narrée par les rédacteurs du livre de l’Exode, un appel à vivre une réelle entente entre frères et sœurs de différentes sensibilités spirituelles.
Une unité d’inspiration
Que Myriam soit appelée « la prophétesse » montre qu’elle apporte un élément essentiel au salut de son peuple et, par-delà, à tout peuple ; à savoir se libérer de toute servitude, tout en gardant à l’esprit ce qu’écrit Paul : « Tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’édifie pas. Tout est permis, mais je ne me laisserai asservir par rien. » (1 Cor. 6.10)
Nous sommes parfois tentés de bâtir et d’imposer une unité spirituelle en fixant des normes. Au nom de l’Évangile, nous devons résister à chercher à construire un accord imposé, qui ne serait que de façade. Recherchons plutôt une unité d’inspiration, apte à créer un lien de paix, une unité d’esprit qui, selon la formule des Écritures, souffle où il veut.
Cet Esprit rend chacun digne d’interpréter les fondements de sa propre spiritualité de façon libre et d’avancer dans sa réflexion sur ce qu’il pense être juste et sur les responsabilités qu’il a à assumer en tant qu’être humain.
Lorsque nous sommes appelés à répondre à l’interrogation contemporaine : « Où donc est la vraie religion, à quelle marque la reconnaître », j’aurais tendance à répondre qu’une religion authentique devrait toujours être dépouillée de tout sentiment de supériorité et de tout esprit de jugement, et ainsi rejoindre ce qu’étymologiquement elle est selon moi : une « reliance » !
Une spiritualité positive
L’auteur de la lettre dite « de Jacques » note pertinemment : « La pure religion consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde. Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte. C’est seulement si vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, que vous faites bien. » (Jacques 1. 2)
Si notre spiritualité nous sert à regarder les autres avec mépris et à mettre une profession de foi quelconque au-dessus de l’amour, alors elle ne vaut rien.
Mais au contraire, toute spiritualité, que nous nous réclamions de Bouddha, Adonaï, Mahomet, Christ ou de tel ou tel philosophe, est bonne si elle est agissante, si elle nourrit en nous le sentiment de la valeur infinie de la vie, si elle est l’alliée de la meilleure partie de nous-mêmes contre la plus mauvaise et nous fait apparaître sans cesse la nécessité de devenir des êtres régénérés, respectueux de la personne et de la conscience des autres.
Notre spiritualité est positive si elle nous responsabilise et nous rend prêts à nous investir dans toute action bénéfique pour le bien commun, en harmonie avec tous ceux et celles qui œuvrent dans le même but, quels que soient les prémices qui les ont mis en mouvement.
Visuel : © Ralph/Pixabay