Édito

Ben voyons !

01 décembre 2023

Chers lecteurs, voici pour vous une grande nouvelle : je suis Dieu. Je ne suis pas un dieu parmi d’autres, puisque je suis Dieu. Je ne me prends pas pour Dieu, puisque je suis Dieu. Et de ce simple fait, voyez-vous, je vous exonère de la tentation de vous prendre pour Moi. Vous ne pouvez plus être Dieu, puisque la place est prise.

Quelles en sont les conséquences ? La première, c’est que vous allez d’abord vous sentir énervé et faible. Parce que vous saurez que vous ne pouvez pas être tout-puissant, puisque c’est Moi. Alors vous allez commencer à douter des idées géniales que vous avez eues ces derniers temps, des positions que vous avez défendues avec vigueur et authenticité auprès de vos amis ; parce que vous allez vous dire que vous n’étiez pas légitime pour le faire, parce que ces idées et ces positions ne pouvaient être que relatives, qu’elles ne s’imposaient pas à tous comme des vérités, puisque la vérité c’est Moi qui la détiens.

 

Et puis vous allez vous sentir mortel. C’est une impression bizarre où l’on sent que la vie peut avoir une fin et qu’on n’en est pas maître. Ne vous inquiétez pas, cela peut faire douter du lendemain mais on se pose alors souvent des questions essentielles sur le sens de la vie : que peut-on faire sur terre, puisque la vie est délimitée ? Qu’est-ce qui vaut la peine d’être vécu et que vous avez juste suffisamment de temps pour vivre ?

 

La troisième conséquence est que vous allez vous rendre compte de votre impuissance. Et donc de la nécessité de vous faire aider par d’autres, par des amis, des proches, des inconnus aussi. Parce que vous ne pouvez pas vivre tout seul. Vous allez être obligés de compter sur les autres. Éventuellement de leur faire confiance. Et partant de là, peut-être de les rencontrer, eux aussi, dans leur faiblesse, parce qu’ils ne pourront pas vous aider totalement, impuissants qu’ils sont aussi. Mais vous aurez là, sans doute, les ingrédients de vraies et belles rencontres futures.

 

À ce stade, je peux maintenant vous avouer que je vous ai menti et que je ne suis pas Dieu, loin de là, très loin de là. Mais vous avez goûté un instant aux joies de la finitude et cela marque à jamais ; votre vie s’est peut-être rappelée le sens qu’elle porte et ne sera plus totalement semblable à hier ; et les contacts que vous aurez avec les gens que vous croiserez seront appelés à devenir des rencontres. Peut-être même, habité par ces saveurs spirituelles, accepterez-vous de me pardonner ?…

 

En un mot, vous ne serez plus au centre de vous-même. Mais vous serez au cœur de votre vie. Tout le problème de l’humanité, c’est d’être au centre de sa vie, plutôt qu’en son cœur.

Alors peut-être pourrez-vous, impuissant, mortel et dépendant, trouver un peu de temps pour échanger avec moi qui suis comme vous, ou l’un de nos semblables ? Impuissant, mortel et dépendant… L’or, l’encens, la myrrhe n’en sont-ils pas les stricts contraires ? Ils ont été déposés en notre nom commun au pied d’une crèche. Et ça, ça libère.

Bon Noël à tous !

Marc de Bonnechose
Paroles protestantes Paris

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